Catégorie : Bonnes Pratiques

Les tendances Green IT en 2013

Une partie des tendances amorcées en 2011 se sont confirmées en 2012 et se poursuivront en 2013. C’est le cas notamment des achats responsables, de l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre du système d’information, et des audits Green IT. D’autres sujets clés comme l’éco-conception logicielle et la normalisation des indicateurs Green IT ont émergé en 2012. Des tendances qui se confirmeront dans les années à venir.

La crise économique n’handicape pas les projets Green IT
Bonne nouvelle, le durcissement de la crise économique n’a que peu ralenti les projets Green IT. Un récent sondage indique que seulement un tiers de nos lecteurs ont été contraints d‘arrêter leurs projets. Pour 29 % d’entre eux, la crise les a simplement ralenti. Mais pour 43 % de nos lecteurs, la crise économique a donné plus de poids à leurs projets. Ces chiffres montrent que, et c’est une tendance forte pour 2013, la majorité des DSI ont enfin compris que le Green IT est un allié incontournable pour réduire ses coûts (et son empreinte écologique).

Un besoin criant de repères
Malheureusement, la volonté de mettre en place une stratégie Green IT ne suffit pas. Encore faut-il mener un audit Green IT initial et disposer d’indicateurs permettant de hiérarchiser un plan d’action en fonction de retours sur investissement (ROI) précis. La majorité des entreprises ne dispose pas de l’expertise suffisante en interne. Tout au plus réussissent-elles à suivre leur progression en interne. Il se peut donc qu’elles investissent d’importants moyens pour progresser sur des dossiers sur lesquels elles sont déjà bonnes et fassent l’impasse sur des dossiers où les économies potentielles (financières et d’empreinte écologique) sont bien plus importantes. Cette prise de conscience a commencé l’année dernière et devrait s’accélérer en 2013.

Bientôt des indicateurs standardisés ?
Les entreprises recherchent deux types de repères. Des indicateurs techniques pour auditer leur système d’information, créer une stratégie Green IT et la piloter dans le temps. Ces indicateurs permettent à la DSI de se benchmarker avec la moyenne nationale ou européenne afin d’identifier les principaux gisements de réduction. Quelques experts en France connaissent ces indicateurs. J’en possède personnellement 174 qui permettent de mesurer la performance et la maturité de l’entreprise. L’Afnor travaille à la normalisation d’un dixième de ces indicateurs.

… et un écolabel pour les sites web éco-conçus ?
Les entreprises sont également en attente d’éco-labels et de certification qui puissent témoigner de leurs efforts pour développer plus durablement leur activité. C’est le cas au niveau des systèmes d’information, mais aussi des sites web et des logiciels. Ces labels pour les sites web, les logiciels, et les systèmes d’information permettent de valoriser les démarches des entreprises.

Audit Green IT
Comme l’année dernière, les DSI disposent de peu de temps pour suivre leurs projets liés au développement durable. Et même en formant leurs collaborateurs, elles manquent encore cruellement d’expertise. Négligé jusqu’à présent, l’audit Green IT devrait se généraliser en 2013, à mesure que les DSI industrialisent leur démarche développement durable. Il est constitué de 4 mesures complémentaires qui permettent de bâtir un plan d’action et les outils de pilotage associés :
– audit de consommation énergétique,
– analyse des performances techniques,
– bilan carbone du système d’information,
– évaluation de la maturité Green IT.

Taxe carbone, le retour
La taxe carbone française, la fameuse Contribution Climat Energie (CCE), a été reportée pour cause d’élection présidentielle. Mais la Commission Européenne en imposera une à tous ses états membres entre fin 2013 et mi-2014. Comme nous vous l’avions démontré en 2010, la CCE aurait pu coûter jusqu’à 60 euros par serveur et par an. Nul doute que, dans ce contexte, cette directive européenne sera un sujet important pour les DSI et les hébergeurs en 2013.

Bilan carbone des systèmes d’information
Au delà des audits Green IT complets (voir plus haut), l’entrée en application du Grenelle II (notamment l’obligation d’un Bilan Carbone pour les entreprises de plus de 500 salariés) et l’arrivée de la taxe carbone européenne en 2013 / 2014, vont pousser les DSI à mesurer l’empreinte carbone de leur système d’information. En France, l’ADEME et le Cigref ont publié un guide pour aider les DSI à mesurer précisément leur empreinte carbone et identifier les domaines de progrès. D’ici 3 ans, la majorité des grandes entreprises françaises auront réalisé une évaluation des émissions de gaz à effet de serre de leur système d’information. Et elles auront des surprises ! Par exemple, les déplacements des prestataires peuvent représenter plus des 2/3 des émissions de gaz à effet de serre, très loin devant la consommation électrique des postes de travail et des serveurs.

Eco-conception logicielle
Nous vous avons parlé pour la première fois de l’éco-conception logicielle en 2008 dans un article vous expliquant comment maximiser la charge CPU par Watt. Puis nous vous avons démontré le rôle de la couche logicielle au travers d’un constat – les besoins en ressources du couple Windows-Office – et d’une solution pour les data centers : Hip-Hop for PHP. Depuis ces travaux exploratoires, l’éco-conception logicielle a émergé comme un sujet clé en 2012, notamment suite à la parution de deux ouvrages – l’un du Green Code Lab et l’autre de GreenIT.fr – et de deux conférences à Paris et à Nantes. C’est une tendance forte pour 2013 car les gains proposés par cette approche sont très importants.

Achats IT responsables
Comme depuis quelques années déjà, les acheteurs informatiques intègrent des critères environnementaux et sociaux à leurs appels d’offre. Le poids des critères de notation liés au développement durable va continuer à progresser dans les années à venir pour atteindre un pallier compris entre 10 et 20 % de la note finale, selon la nature de l’organisation.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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