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Fin de Windows 10 : 37 millions de tonnes éq. CO2 évitables !

En 2025, selon Canalis [1], 240 millions de PC ne pourront pas être reconditionnés faute de pouvoir y installer Windows 11.

Nous n’aborderons pas ici les alternatives possibles, en installant une distribution Linux par exemple (à lire ici et ). L’idée de cet article est plutôt de quantifier les impacts environnementaux liés à l’arrêt de la mise à jour de ce système d’exploitation et aux verrous à l’installation de Windows 11.

Pour faire ce calcul, nous avons besoin de connaitre la répartition entre ordinateurs de bureau (desktop), ordinateurs portables (laptop) et “tablet PC” (tablet PC). C’est la suivante, en 2022, selon IDC ([2] :

  • laptop : 60 %
  • desktop : 29 %
  • tablet PC : 11 %

L’ACV à la rescousse

Nous avons évalué les impacts environnementaux et sanitaires de cet inventaire en nous appuyant sur la méthode d’Analyse du Cycle de Vie (ACV) [3] et la base de données NegaOctet.

Nous n’avons pris en compte que les impacts associés à la fabrication des 240 millions de nouveaux équipements nécessaires pour remplacer ceux qui fonctionnaient très bien sous Windows 10.

Les indicateurs d’impacts retenus sont ceux qui ressortent le plus dans les études de référence, notamment celles que nous avons réalisées à l’échelle du monde, de l’Europe et de la France.

Une empreinte évitable équivalente à 4,7 millions de tours du monde !

Voici les impacts environnementaux et sanitaires associés au renouvellement de ces 240 millions de terminaux. Ces impacts s’additionnent ! Nous les avons classé du plus au moins important en France :

  • Radiations ionisantes (IR) : 49 144 800 000 kg Bq éq. U235
  • Epuisement de ressources abiotiques (ADPe) : 2 802 792 kg éq. SN
  • Epuisement de ressources abiotiques (ADPf) : 536 967 426 118 MJ EP
  • Potentiel de réchauffement global (GWP) : 37 276 687 234 kg éq. CO2
  • Emission de particules fines (PM) : 1355 (occurrences de maladies)
  • Cycle de l’eau (WU) : 25 312 809 799 m3 éq. monde

En termes d’équivalences, cela correspond à :

  • Radiations ionisantes (IR) : n/a
  • Epuisement de ressources abiotiques (ADPe) : 14 milliards de tonnes de terre excavée soit le poids de 215 milliards de terriens (27 fois le poids de la population mondiale) !
  • Epuisement de ressources abiotiques (ADPf) : 5,5 millions de radiateurs électriques de 1000 Watts allumés en permanence (365 j * 24 ) ;
  • Potentiel de réchauffement global (GWP) : 186 milliards de km en voiture thermique, soit 4,7 millions de tours du monde ou 10 % des émissions annuelles de GES de la France ;
  • Emission de particules fines (PM) : n/a
  • Cycle de l’eau (WU) : n/a

De l’importance de réguler les GAFAM

Ces chiffres donnent le vertige ! Ils nous rappellent aussi à quel point un seul éditeur, parmi les GAFAM, peut considérablement écraser / atténuer les efforts faits par chacun.e d’entre nous au quotidien, en prenant la décision d’arrêter le support technique d’un de ces logiciels.

Pour rappel, comme nous l’avons démontré dans cet article, le renouvellement très rapide des versions de systèmes d’exploitation est la principale source de l’obsolescence prématurée des matériels. C’est notamment vrai pour le couple “système d’exploitation + terminal”. Un terminal pouvant être un ordinateur, un smartphone, une TV, etc. Et un système d’exploitation étant Windows, iOS, Android, etc.

Raison pour laquelle l’Europe et ses états membres devraient contraindre, ou pour le moins inciter, les grands éditeurs de logiciels à fournir des mises à jour logicielles plus longues et à ne pas créer des verrous artificiels à l’installation des nouvelles versions (comme c’est le cas pour Windows 11 par exemple).

Source : GreenIT.fr

Données et méthodologies utilisées :

[1] https://www.canalys.com/insights/end-of-windows-10-support-could-turn-240-million-pcs-into-e-waste

[2] https://windowsreport.com/desktop-vs-laptop-market-share/

[3] Selon la méthode ACV (ISO 14040/44) et avec les facteurs d’impacts de la base de données NegaOctet.org.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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