Catégorie : Energie

Cloud : c’est le dernier kilomètre qui coûte le plus

Depuis quelques années, les médias focalisent notre attention sur la consommation électrique des centres informatiques qui est présentée comme la principale source de l’empreinte environnementale du web.

Totalement disproportionnée, cette affirmation focalise notre attention sur un point de détail. Ce faisant, elle nous détourne des gestes clés qui permettraient de réduire significativement l’empreinte du web.

« La grande majorité de la consommation d’énergie se situe aux extrémités du réseau, dans les bureaux et les résidences, plutôt que dans les centres de données » confirme Steven Lanzisera, du Laboratoire National Lawrence Berkeley, dans un article publié par l’Usine Digitale.

Mettons, pour l’instant, les utilisateurs et les centres informatiques de côté (que nous traiterons dans un article à suivre) et concentrons nous sur le réseau.

90 % de l’impact réseau sur le dernier kilomètre

Dans une compilation d’études réalisée en 2016, Kerry Hinton, professeur à l’université de Melbourne estime que, 90 % de la consommation électrique du réseau provient de la boucle locale et seulement 10 % des équipements réseau des centres de données (page 6 de ce PDF ).

La part du cœur de réseau est epsilonesque (0,01 GW contre 3,73 GW pour la boucle locale). Les dorsales (backbones) qui constituent le cœur de réseau consomment en effet très peu d’énergie en comparaison de l’acheminement des données sur le dernier kilomètre. D’une part, le cœur du réseau est constitué de fibres optiques qui consomment peu d’énergie, contrairement aux réseaux cuivrés DSL et à la 4G. D’autre part, la bande passante cœur de réseau est très fortement mutualisée.

Le gros de la consommation chez les internautes

En comparaison, un modem ADSL (box) et le boîtier TV associé restent allumés 24 heures sur 24 et 365 jours par an, pratiquement tout le temps…. inutilement ! Quant à la 4G, elle consomme proportionnellement 23 fois plus d’énergie qu’une connexion ADSL.

A ce stade, nous avons compris que le bilan énergétique du cloud, sur sa phase d’utilisation, est surtout lié à nos box ADSL et aux réseaux 4G des opérateurs.

Si on en croit Steven Lanzisera, les équipements des internautes – smartphones, tablettes, ordinateurs portables et de bureau, TV connectées, etc. – constituent une autre source très importante. Peut-être plus que le réseau, et certainement plus que les centres de données.

Nous étudierons ce tiers dans un article à paraître d’ici quelques jours. Mais une chose est sûr : il faut arrêter de se focaliser sur les centres de données et agir également au niveau du réseau. En commençant par éteindre sa box lorsque personne ne s’en sert. C’est aussi simple que cela.

Sources : GreenIT.fr, avec https://www.cesc.kth.se/polopoly_fs/1.648200!/KTH%20CESC%20May%202016.pdf et http://energy.anu.edu.au/files/Tucker%20Seminar.pdf

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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