Catégorie : Energie

Stimergy chauffe l’eau des immeubles avec ses chaudières numériques

Jeune start-up à la frontière entre un chauffagiste et un opérateur de cloud computing (nuage informatique), la société Stimergy propose un modèle technique et économique innovant, promis à un bel avenir.

Sa vision ? Les data centers de demain seront bien plus petits que les monstres d’aujourd’hui et ils seront répartis partout sur le territoire, à l’image d’un réseau de neurones. Chaque nœud sera installé dans un immeuble d’habitation. La chaleur dégagée par les serveurs sera réutilisée pour chauffer l’eau chaude sanitaire. « Nous réinventons le concept de data center pour les intégrer dans l’écosystème de la ville intelligente en prenant en compte les problématiques techniques d’aujourd’hui et avec l’objectif de proposer un modèle de développement plus soutenable » résume Christophe Perron, fondateur de Stimergy.

Ce positionnement original a valu à la jeune pousse de remporter l’édition 2013 du concours “Energie Intelligente” d’EDF.

Une chaudière numérique
Concrètement, la chaudière numérique de Stimergy peut couvrir jusqu’à 60 % des besoins annuels d’un bâtiment résidentiel en énergie pour la préparation d’eau chaude sanitaire. La chaudière est composée de 22 serveurs qui dissipent une puissance crête de 6 000 Watts. 94 % de l’énergie électrique consommée par la chaudière – énergie incluant celle du système de refroidissement – est récupérée, proposant ainsi un PUE de 1,06.

Les serveurs sont plongés directement dans un bain d’huile non conductrice pour maximiser le transfert d’énergie des serveurs vers le liquide caloporteur. Les calories dissipées servent alors à préchauffer l’eau chaude sanitaire de l’immeuble via un échangeur thermique.

L’intelligence de Stimergy réside dans le choix de l’eau chaude sanitaire qui propose une moindre saisonnalité par rapport au chauffage. Dans le cas de Stimergy, on consomme de l’eau chaude sanitaire toute l’année et cette dernière peut être facilement stockée dans un ballon d’eau chaude.

Cette souplesse est importante car l’entreprise va devoir créer un système de gestion et d’allocation de la charge des serveurs en fonction non seulement des besoins informatiques de ses clients, mais aussi des besoins en eau chaude de chaque bâtiment hébergeant les chaudières numériques.

Un cloud tier IV
Chaque chaudière numérique est reliée aux autres afin de constituer un seul nuage informatique. Pris un à un, les nœuds de ce réseau n’offrent pas un niveau de disponibilité élevé tel que celui d’un gros data center où tout est redondé (Tier IV). En revanche, pris dans son ensemble, l’éclatement géographique de ce réseau de chaudières numériques propose une disponibilité à toute épreuve, meilleure qu’un seul centre informatique Tier IV. C’est d’ailleurs l’architecture de l’internet, conçu, faut-il le rappeler, pendant la guerre froide pour résister à une attaque nucléaire massive.

Un modèle économique proche d’une chaudière traditionnelle
Le propriétaire du bâtiment (ou l’exploitant de la chaufferie existante), paye une seule fois un “droit de raccordement” à la chaudière qui finance en partie l’investissement. Il bénéficie ensuite de chaleur gratuite avec un retour sur investissement de 6 à 8 ans.

Comme Stimergy ne paye ni le bâtiment, ni le refroidissement, la société propose une plateforme IaaS (Infrastructure as a Service) à un tarif compétitif, la performance environnementale en plus. Le premier prototype déployé depuis septembre 2013 affiche un PUE (partiel et non encore significatif) de 1,06 contre environ 2 pour la moyenne française.

Source : Stimergy et GreenIT.fr

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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