Catégorie : Bonnes Pratiques

Numérique et environnement : en finir avec les idées reçues 2/3

Depuis plusieurs années, les médias et des institutions relaient des contrevérités concernant les principaux enjeux et solutions du Green IT. La plupart du temps pas par mauvaise volonté, mais plutôt par ignorance. Quand on ne connaît pas un sujet, on a souvent tendance à ne retenir que les idées les plus largement partagées, quitte à ce que la terre finisse par être plate et que le soleil tourne autour….

Ces fausses idées reçues amènent les citoyens et les pouvoirs publics à se concentrer sur l’arbre qui cache la forêt. Nous profitons donc de ce début d’année pour démonter ces contrevérités une à une, afin de vous amener à vous concentrer sur les solutions les plus efficaces pour réduire l’empreinte environnementale des technologies de l’information et de la communication.

La première partie de cet article a été publiée ici.

Aujourd’hui, nous nous intéressons à l’internet.

4. Le problème du web, ce sont les centres de données

Les médias se concentrent depuis 2 ou 3 ans sur les data centers qui seraient les principaux responsables de l’empreinte du web. Un raisonnement logique, digne d’un enfant de 5 ans, démontre le contraire : on dénombre 200 équipements utilisateurs – smartphones, ordinateurs portables, ordinateurs de bureau et écrans, objets connectés, box ADSL, etc. – pour 1 serveur. La fabrication de ces 8 800 millions de d’équipements utilisateurs impacte bien plus l’environnement que les 44 millions de serveurs regroupés dans les centres de données. Nous le démontrons en détail ici : http://greenit.fr/article/materiel/quelle-est-l-empreinte-environnementale-du-web-5496

Idée à retenir : C’est la fabrication des terminaux des internautes qui concentre les impacts. Il faut donc les utiliser le plus longtemps possible pour réduire l’empreinte des sites web qu’ils permettent de consulter..

5. Les centres de données sont des ogres énergivores

Comme nous l’avons démontré dans cette étude, les data centers ne représentent que 33 % de la consommation d’énergie de l’internet, derrière le réseau (39%) et devant les internautes (28 %). Par ailleurs, les opérateurs de centres de données ont fait des progrès considérables ces dernières années. S’il reste un domaine à améliorer en priorité, c’est plutôt la consommation électrique des box ADSL. En une année, une box allumée 24 heures sur 24 consomme l’équivalent de 10 ordinateurs portables utilisés 8 heures par jour ! Et se connecter en 4G nécessite 15 fois plus d’énergie qu’avec une box ADSL.

Idée à retenir : les centres de données ne représentent que un tiers de la consommation électrique totale. Pour réduire la consommation électrique de l’internet, je commence par éteindre ma box ADSL lorsque je ne m’en sers pas et je limite mes connexions mobiles 4G.

6. Pour réduire l’empreinte du web, il faut stocker moins d’e-mails

Plusieurs campagnes de sensibilisation ont été menées avant et pendant la COP21 pour inciter les internautes à stocker moins d’e-mails. Certes, cette action ne peut pas faire de mal. Mais elle est insignifiante à côté d’autres gestes clés. Comme nous l’avons vu précédemment, c’est la fabrication des équipements des internautes – ordinateurs, écrans, tablettes, smartphones, box ADSL, etc. – et les box ADSL qui restent allumées 24 heures sur 24 et 365 jours par an qui concentrent les nuisances environnementales. Pour réduire l’empreinte du web, il faut donc commencer par allonger la durée de vie des équipements des internautes et éteindre les box ADSL quand on ne s’en sert pas. Tous nos conseils pour réduire l’empreinte du web.

Pour vous donner des repères, voici l’impact de ces différentes actions, en terme de réduction d’émission de gaz à effet de serre :

  • – Supprimer 1 Go d’e-mails : 0,04 kg CO2e / an
  • – Eteindre sa box ADSL 15 heures par jour : 7 à 19 kg CO2e / an selon la box
  • – Allonger la durée de vie d’un ordinateur portable de 3 à 6 ans : 150 kg CO2e / an

Idée à retenir : A vous de choisir. Mais, il nous semble qu’il vaut mieux allonger la durée de vie des équipements et éteindre les box ADSL.

7. Le cloud, c’est green

Aucune étude scientifique indépendante ne démontre que la centralisation des données sur des serveurs est plus intéressante que leur stockage sur des dispositifs personnels (disques durs du PC ou externe, clés USB, etc.). On note cependant un effet rebond : plus les données sont accessibles de n’importe où et plus on a tendance à les manipuler souvent et à les dupliquer. Un constat simple corrobore cette intuition : depuis l’apparition des offres cloud, la capacité de stockage des terminaux utilisateurs (smartphone, ordinateur, tablette, disque dur externe, clé USB) n’a fait qu’augmenter. Par ailleurs, transporter un octet consomme 2 fois plus d’énergie que de le stocker pendant 1 an ! Or, le modèle du cloud repose justement sur le fait de transporter en permanence les données…

Idée à retenir : Aucune étude scientifique indépendante ne le prouve. En revanche, la taille des disques durs et le nombre de centres de données continuent d’augmenter, inexorablement. Effet rebond ?.

 

Lire la suite de cet article :

https://www.greenit.fr/2016/02/17/numerique-et-environnement-en-finir-avec-les-idees-recues-3-3/

8. Mieux vaut regarder un film en streaming que d’acheter un DVD
9. La dématérialisation réduit les impacts environnementaux

 

Source : GreenIT.fr

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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