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Vers un New Deal écologique ?

Les Amis de la Terre vient de publier un document de proposition (PDF – anglais) dans lequel il estime que le naufrage financier mondial (…) est une opportunité unique de promouvoir des sociétés soutenables en lançant un « New Deal écologique. (…) Pour répondre à la crise environnementale et sociale, un « New deal écologique » est indispensable. Une intervention économique et fiscale des pouvoirs publics dans l’économie ne doit pas avoir pour but de stabiliser le système actuel dans ses aspects insoutenables, mais de le transformer radicalement afin de répondre aux enjeux sociaux et environnementaux” note l’association.

Prenons un exemple concret. “Les objectifs du Grenelle de l’environnement sont de réduire de 20% les émissions de CO2 liées au transport d’ici 2020 (par rapport niveau de 1990)” rappelle Thierry Laffont, directeur régional de l’ADEME Montpellier. Pour l’instant, l’Europe incite les constructeurs automobiles à fabriquer des voitures qui rejettent moins de CO2. Ne devrait-elle pas plutôt soutenir le co-voiturage et le télétravail ?

A moins que les fabricants réussissent à diviser par 2 la consommation des véhicules et à changer l’ensemble du parc automobile mondial en un an, le co-voiturage est une solution immédiatement plus efficace. On compte en moyenne 1,23 passager par véhicule par trajet en France et 50% des déplacements sont inférieurs à 3 km ! Doubler le nombre de passagers par voiture réduit par 2 l’empreinte écologique de chaque passager, sans évolution technologique.

En poussant le raisonnement plus loin, pourquoi ne pas éliminer le problème à la source et éviter les déplacements inutiles ? En se réunissant à distance grâce aux outils de télétravail par exemple. On estime que 50% des émissions de CO2 des entreprises sont liées aux voyages d’affaires. Or, 37% des réunions physiques sont inutiles et le coût des déplacements professionnels a augmenté de 40% entre 2007 et 2008.

Pour que ces nouveaux modèles émergent, “des taxations internationales doivent voir le jour sur l’énergie et les transactions de change notamment. En France, le Grenelle de l’Environnement s’est arrêté à un bonus-malus sectoriel au lieu de mettre en place une fiscalité écologique globale et crédible” rappelle Les Amis de la Terre. L’idée est simple : en taxant plus les activités polluantes (se déplacer) et en privilégiant les activités non (ou moins) polluantes comme le télétravail, l’Etat permet à la société d’évoluer vers une organisation économique et sociale plus soutenable.

Associés aux technologies de géolocalisation (GPS, SIG, etc.), les outils de communication (site web, mobiles, messagerie, MSN, Skype, etc.) permettent de “moins se déplacer plus intelligemment”. Ils facilitent par exemple la rencontre entre l’offre et la demande pour le co-voiturage. Un GPS réduit de 4 à 25% la consommation moyenne d’un véhicule. Autre exemple, aidée par IBM, la ville de Stockholm a réduit de 40% les émissions de CO2 liées aux embouteillages en mettant en place un système de péage intelligent dont le coût est modulé en fonction de l’horaire de passage et l’identification du véhicule grâce à une puce RFID (plus besoin de s’arrêter au péage). Ces exemples portent sur l’automobile, mais ils s’appliquent à la plupart des activités humaines.

Fin 2007, lors du Sommet sur la protection du climat de la conférence des maires américains, Bill Clinton déclarait déjà à propos de l’économie “verte” : “C’est la plus grande opportunité économique que nous ayons eue [ndlr : les USA] depuis que nous nous sommes mobilisés pour la Seconde guerre mondiale. Si nous le faisons correctement, cela créera des emplois et cela améliorera les revenus bien plus que dans les années 1990 [ndlr : en référence à la bulle internet]”.

Alors, à quand un new deal français pour les cleantechs et l’informatique durable ? Bonne ou mauvaise idée ?

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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