Catégorie : DEEE

L’Europe principal trafiquant de déchets électroniques au Nigeria

Trafic de déchets électroniques. Environ 30 000 tonnes d’équipements électroniques (EEE) arrivent chaque année à Lagos au Nigeria en provenance de l’Union Européenne estime une récente étude des Nations Unies [1] qui pointe du doigt un « sérieux problème » : 25 % de ces équipements, soit environ 7 000 tonnes, ne fonctionnent pas et ne sont pas réparables.

Autrement dit, les pays occidentaux se déchargent illégalement d’une partie de leurs déchets électroniques (DEEE) en Afrique. Interdits par la convention de Bâle et la directive européenne Waste of Electrical and Electronical Equipements (WEEE), ces déchets représentent une file ininterrompue de camions de 36 tonnes s’étalant sur plus de 10 kilomètres. A l’échelle mondiale, le trafic représente 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

L’Europe plaque tournante du trafic

L’étude révèle pour la première fois qu’environ 20 000 tonnes, soit 70 % de ces équipements, arrivent chaque année à Lagos dissimulés dans des véhicules d’occasions, pour la plupart non déclarés. Le restant transite dans des containers de fret maritime, dans 77 % des cas via un port européen, en provenance de l’Union Européenne (29 %), la Chine (24 %), et les Etats-Unis (20 %).

Si l’Afrique est l’exutoire, l’Europe est bien plaque tournante du trafic de déchets électroniques illicitement exportés dans les pays du Sud. Par ordre décroissant d’importance, les principaux pays exportateurs sont : l’Allemagne (28 %), le Royaume-Uni (24 %), la Belgique (12 %), les Pays-Bas (9 %), l’Espagne (7 %) et l’Irlande (6 %).

Le fait que la France n’apparaisse pas est rassurant. Mais cela ne doit pas faire oublier qu’une grande partie des flux illégaux de DEEE français transitent par l’Allemagne et les Pays-Bas, notamment.

Principalement des écrans plats non réparables

Les écrans plats et télévisions LCD, qu’on ne sait pas recycler à un coût économiquement viable, constituent le plus gros gisement avec 18 % de la masse totale. 55 % d’entre eux sont des déchets irréparables.

Le reste du tonnage est constitué d’écrans à tube cathodique (interdit à l’exportation) pour 14 %, de photocopieurs (13 %), de réfrigérateurs (12 %), de microprocesseurs (CPU) pour 7 %, d’imprimantes 5 %, de DVD 4 %, etc.

Des déchets dangereux

Sur les deux années observées, environ 2 300 tonnes de réfrigérateurs défectueux et 1 500 tonnes de climatiseurs défectueux sont arrivés illégalement au Nigeria. Or ces équipements contiennent des hydrochlorofluorocarbures (HCFC) qui sont dangereux pour l’environnement. Auxquels if faut ajouter 5 900 tonnes de téléviseurs qui contiennent du mercure.

[1] menée pendant deux ans par le Centre de Coordination de la Convention de Bâle pour l’Afrique (BCCC Afrique) et le Programme des Cycles Durables (SCYCLE) du Vice-Rectorat de l’Université des Nations Unies en Europe, l’étude a inspecté 2 184 véhicules d’occasion dont 1 195 (55 %) étaient chargés d’équipements électriques et électroniques usagés, 201 conteneurs d’expédition, et 3 622 documents d’importation.

Source : https://unu.edu/media-relations/releases/pip-press-release.html

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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