Catégorie : Bonnes Pratiques

SEDD 2016 : je lutte contre le gras numérique

Dans le cadre de la Semaine Européenne du Développement Durable (#SEDD 2016) nous vous proposons 5 gestes clés à mettre en œuvre pour réduire significativement, et quasiment sans effort, les impacts environnementaux associés à votre empreinte numérique quotidienne.

Ces 5 gestes clés sont, par ordre décroissant d’importance :

  1. J’utilise mes équipements le plus longtemps possible
  2. J’ai un usage sobre et responsable des logiciels
  3. Je réduis les impressions et je collecte le papier bureautique sans le froisser
  4. Je gère la fin de vie de mes équipements
  5. Je débranche tout ce qui peut l’être, aussi souvent que possible

Aujourd’hui, nous vous proposons de nous focaliser sur le deuxième geste clé de la liste : un usage sobre et responsable des logiciels.

Nous avons vu hier que les impacts environnementaux sont d’autant plus importants que le rythme de renouvellement des équipements est rapide. Il faut donc identifier les leviers qui poussent au renouvellement trop rapide des équipements. Ils sont nombreux : durée de garantie trop courte, obsolescence perçue, etc.

Cependant, comme nous l’avons démontré en 2010, le phénomène d’obésiciel est la principale raison qui explique l’obsolescence prématurée des matériels informatiques et télécoms. En effet, la puissance informatique nécessaire pour faire fonctionner un logiciel (quantité de mémoire vive, puissance processeur, etc.) double d’une version à l’autre.

Sauter des versions de logiciel

Une solution clé pour allonger la durée de vie des équipements consiste donc à ne pas migrer vers des versions plus récentes de logiciels et à n’installer que les mises à jour absolument indispensables. Cette bonne pratique permet facilement de doubler la durée de vie des équipements tout en économisant en plus des coûts importants de licence.

Pour vous donner une idée du poids du gras numérique : une page web pèse aujourd’hui 3 fois plus lourd qu’en 2010 ! Il faut donc transporter et manipuler 3 fois plus d’octets qu’il y a 6 ans, pour exactement le même résultat. Pas étonnant qu’à ce rythme votre ordinateur et votre smartphone ralentissent progressivement… au point de tellement ramer que vous souhaitiez en changer.

Solution : conserver ses vieux logiciels qui fonctionnent parfaitement et sont plus rapides

Eviter le cloud

Malheureusement, l’industrie informatique n’a que faire de l’avenir de nos gamins. D’un point de vue environnementale, le développement du « cloud » et des forfaits 4G est une aberration. Bien que très pratique, le cloud vous obligent à télécharger systématiquement le contenu auquel vous souhaitez accéder alors que vous pourriez le stocker une bonne fois pour toutes en local (sur votre disque dur). Or, transporter une fois une donnée consomme autant d’énergie que pour la stocker pendant 1 an. Et transporter cette donnée en 4G nécessite 23 fois plus d’énergie que via une connexion ADSL.

Solution : réserver l’usage du cloud en situation de mobilité aux urgences et autres cas de force majeure.

Eco-concevoir les logiciels

Les entreprises qui conçoivent leurs propres logiciels métier peuvent faire d’importantes économies et réductions d’impacts environnementaux en éco-concevant leurs logiciels. Cette démarche de conception n’a aucun lien avec l’écriture des lignes de code. Elle consiste surtout à épurer la couverture et la profondeur fonctionnelle des applications et à optimiser les conditions d’exécution de ces logiciels par des choix techniques en amont et en aval. Sur le volant fonctionnel qui est le principal levier, plusieurs études démontrent que peu de fonctionnalités sont réellement utilisées. Microsoft explique par exemple que 5 fonctionnalités (copier, coller, enregistrer, annuler, mettre en gras) représentent 32 % de l’usage de Word 2003. La plupart des autres fonctionnalités (publipostage, etc.) représente du gras numérique qu’il faut charger systématiquement en mémoire… pour rien. La démarche d’écoconception logicielle vise à réduire ce gras à la source.

Solution : j’éco-conçois les prochaines versions de mes logiciels métier.

Sources : GreenIT.fr et http://blogs.msdn.com/b/jensenh/archive/2006/04/07/570798.aspx

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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