Catégorie : Matériel

C’est la Semaine Européenne de Réduction des Déchets

Du 21 au 29 novembre, c’est la Semaine Européenne de Réduction des Déchets (SERDD). Cette année, le thème porte sur la dématérialisation : c’est-à-dire le passage d’un produit à un service. Par exemple, plutôt que de posséder une voiture, on la loue ou l’empreinte uniquement lorsque on en a besoin. L’idée est de ne consommer que le service attendu, pas le produit qui fournit ce service.

Dans notre domaine du numérique, la démarche de dématérialisation peut, à certaines conditions, s’avérer intéressante pour l’environnement.

Mais, contrairement à ce qu’avancent les acteurs de ce domaine, c’est loin d’être systématique. La plupart du temps, les actions de dématérialisation se concluent soit par un transfert de pollution, soit par une augmentation des impacts environnementaux. C’est ce que démontrent toutes les analyses de cycle de vie comparatives multicritères auxquelles j’ai participé.

Quels impacts cherchent-on à réduire ?

La dématérialisation ne procurera pas le même niveau de bénéfice, selon le ou les indicateur(s) environnemental(aux) que l’on prend en considération.

Dans notre domaine du numérique, ce sont essentiellement des documents sur support papier qui sont « dématérialisés » sous la forme d’octets. Les deux principaux impacts environnementaux du papier sont la consommation d’eau douce et les pollutions chimiques induites par la fabrication de la pâte à papier.

Si la cellulose provient de forêts gérées durablement, le fait de couper des arbres ne pose pas (ou peu) de problème du point de vue des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, si le bois provient de forêts vierges, alors c’est une catastrophe, surtout pour la biodiversité, mais aussi au niveau des émissions de gaz à effet de serre.

A quelles conditions la dématérialisation est-elle intéressante pour l’environnement ?

Il y a trois clés à retenir pour que la dématérialisation puisse avoir, potentiellement, un impact positif pour l’environnement.

  • On ne dématérialise rien : La première clé à retenir est que l’on ne dématérialise rien en passant du papier aux octets. En effet, les données numériques doivent être stockées, transportées, manipulées et affichées via une infrastructure informatique et télécoms plus que conséquente : serveurs, réseau, box internet, ordinateurs, smartphones, etc. Dans le domaine du numérique, les termes « dématérialisation » et « virtualisation » sont avant tout marketing et ne reflètent pas la réalité physique qui consiste à troquer du papier contre des équipements électroniques et de l’électricité.
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  • La durée de vie : plus la durée de vie de l’information est courte et plus il est intéressant de dématérialiser une donnée ou un document sous la forme d’octets. En revanche, plus la durée de vie est longue et plus il faut privilégier un support matériel, notamment le papier. Car un support matériel inerte impacte souvent moins l’environnement sur la durée. Par ailleurs, à effort de conservation identique, la durée de vie du papier imprimé est bien plus longue que n’importe quel support numérique.
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  • Dématérialiser l’information, pas le support : les documents en papier sont souvent reproduits dans un format numérique quasiment équivalent, par exemple une feuille de paie prendra la forme d’un document PDF identique. Comme nous le démontrons dans cet article (et aussi celui là pour les flux multimédia), ce type de dématérialisation est souvent néfaste pour l’environnement.

Au final, la forme la plus efficace pour réduire les impacts environnementaux des supports papiers en les dématérialisant est celle qui consiste à transformer un support papier en un logiciel, c’est-à-dire des données structurées, des algorithmes, et une interface homme-machine (pas forcément graphique). Le gain pour l’environnement est alors quasi certain.

Voir aussi :

  • Site officiel : http://www.ewwr.eu/fr
  • Site de l’Ademe : http://www.serd.ademe.fr/

Source : GreenIT.fr

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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