Catégorie : Matériel

UZ’it : un service de leasing pour les équipements électroniques

Face à la paupérisation des consommateurs occidentaux et à leur soif toujours plus grande de nouveautés high-tech, les enseignes de la grande distribution proposent désormais des services de location longue durée avec option de rachat (leasing) pour des équipements électriques et électroniques (EEE).

Une démarche qui s’inscrit dans la mouvance de la consommation collaborative et du passage d’une économie basée sur la possession de produits à une économie basée sur la vente de service (économie de fonctionnalité).

Selon la valeur et le type de bien, la durée de location s’étale de 2 à 5 ans. Plus la location est longue et plus les mensualités et le prix résiduel sont faibles. Mais, comme tout système de financement, l’équipement revient plus cher qu’un achat « cash » en magasin.

Boulanger, la Fnac, Leclerc, Intermarché : tout le monde s’y met
Après le groupe Boulanger et sa filiale Lokeo, la Fnac et Leclerc ont préféré imité le groupe des Mousquetaires (Intermarché) qui s’appuie sur le service UZ’it de la société bordelaise Evolis. Leclerc teste le dispositif UZ’it dans un seul point de vente et la Fnac dans deux magasins. UZ’it est déjà déployé dans les enseignes HyperU, Pix’hall, Cdiscount, Images Photo, et Espace Demarq.

La formule « location + service » semble plaire aux consommateurs puisque, selon Le Figaro, le panier moyen high-tech des engeignes Intermarché proposant le service aurait progressé de 40 % depuis son lancement. Intermarché propose un service de location d’équipements électroménagers, hi-fi, audiovisuels et informatiques dans 65 % de ses enseignes (52 sur 80).

Le service pour justifier le surcoût de la location
Pour tester l’intérêt des consommateurs pour la location longue durée, la Fnac commence par proposer les produits d’Apple. Ces derniers forment une cible idéale car ils sont onéreux et vite désuets aux yeux des consommateurs. Cependant, leur valeur résiduelle reste importante. Un point important pour le distributeur qui ne gagne réellement de l’argent que lors de la revente de l’équipement en fin de contrat.

Vous pouvez donc louer un iPad Air d’une valeur de 490 euros pour 19,5 euros par mois pendant 24 mois, avec une option d’achat de 111 euros, soit 579 euros au total. Le surcoût se monte à 18 % dans ce cas précis.

Les enseignes jouent la carte du service pour justifier le surcoût. Les équipements sont garantis pendant toute la durée du contrat. S’il est impossible de les réparer, ils sont échangés. Les tablettes et les smartphones sont louées avec une garantie casse et vol. Et le service de support après-vente (SAV) est disponible pendant toute la durée de la location. Détails ici.

Une démarche surtout financière
Evidemment, cette démarche est intéressante pour l’environnement uniquement si elle contribue à allonger la durée de vie active des équipements. Comme nous l’avons expliqué plus haut, les distributeurs margent essentiellement sur la revente des équipements à forte valeur résiduelle. Il y a donc des raisons de croire qu’intérêt économique et environnemental vont de paire dans cette histoire.

Nous avons donc contacté Evolis et la Fnac pour en savoir plus sur cette étape cruciale du processus. Malheureusement aucune des deux sociétés n’a souhaité nous répondre. Nous aurions pourtant aimé obtenir des réponses à des questions clés telles que :

  • Les circuits utilisés pour valoriser les équipements encore fonctionnels
  • Le taux d’équipement reconditionnés et revendus d’occasion
  • Le ou les prestataire(s) chargé(s) du reconditionnement
  • Le ou les prestataire(s) chargé(s) de la dépollution et du recyclage
  • etc.

Tout juste apprend-t-on sur la page présentant les services et garanties associées à la location qu’il y aura bien un « recyclage du produit en fin de contrat ». Heureusement, puisqu’il s’agit d’une obligation légale depuis 2006 !

Cette démarche n’est donc que financière et n’a aucun objectif RSE. Dommage. Car elle aurait aussi pu favoriser la protection de l’environnement (en privilégiant le réemploi au recyclage), améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs les plus démunis en favorisant l’émergence d’une offre de d’équipements électriques et électroniques reconditionnés, développer les emplois non délocalisables de l’économie sociale et solidaire, etc.

Source : GreenIT.fr

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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