Catégorie : Energie

Gazpar met le feu au porte-monnaie des ménages

Le ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, et le ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Philippe Martin ont confirmé fin septembre 2013 leur soutien au principe de la généralisation du compteur communicant Gazpar porté par GrDF. Ce déploiement concernera à terme 11 millions de compteurs, installés entre 2015 et 2022.

Gazpar émet par liaison radio les index de relevés permettant de connaître à tout moment la consommation réelle d’un client. Son déploiement simplifiera la facturation : elle sera basée directement sur la consommation réelle et il ne sera plus nécessaire de recourir à des estimations.

Un déploiement injustifié
« Ces nouveaux compteurs faciliteront en outre la réalisation d’économies d’énergie et aideront les citoyens à mieux maîtriser leur consommation. Par exemple, des alertes pourront leur être transmises au-delà d’un seuil d’énergie consommée » explique le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie sur son site.

Sauf que, selon la CRE, les économies mesurées concrètement en Irlande et au Royaume-Uni ne dépasse pas 3 % de la facture énergétique… Le déploiement de ce nouveau compteur au frais du contribuable ne semble donc pas justifié.

« Ce dispositif permet également d’améliorer la performance des gestionnaires de réseaux : réduction des coûts directs d’acquisition de données de comptage, diminution des réclamations, meilleure connaissance du parc des compteurs » ajoute le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie sur son site. La CRE explique dans son rapport que les gains opérationnels réalisés par GrDF ne compensent pas le coût du projet, qui s’élève à 1 milliard d’euros.

Grâce à la CRE, on comprend mieux ce qui se passe : le gouvernement nous refait le coût du Linky. Les citoyens vont financer la mise en place d’un dispositif permettant à des sociétés privées de réaliser plus de bénéfices…

Pourquoi ne pas mutualiser l’intelligence des compteurs ?
Comme ces anciens monopoles publics n’ont aucun intérêt à collaborer, rien n’est fait pour mutualiser l’infrastructure de communication entre le client et l’opérateur. Les français vont donc devoir financer trois compteurs intelligents ou lieu d’un seul :

  • le Linky pour l’électricité,
  • Gazpar pour le gaz,
  • et certainement un troisième pour l’eau

Le coût du Linky est évalué entre 120 et 240 euros par foyer. Multipliez ce chiffre par 3 et vous aurez une petite idée du coût de « l’intelligence » et de la non mutualisation : jusqu’à 840 euros par foyer en 3 ans.

Pourtant, techniquement, il est tout à fait possible de mutualiser de nombreux composants de ces trois compteurs intelligents, notamment l’électronique qui stocke et formate les informations, le modem radio et/ou CPL qui les envoie, et le réseau chargé de transporter ces données jusqu’à l’opérateur. Il est d’autant plus judicieux de mutualiser ces infrastructures que le coût environnemental de ces compteurs est important, notamment à cause de l’électronique qu’ils embarquent. Par ailleurs, un seul modem radio / CPL est plus que largement suffisant pour transmettre 3 paquets de données de quelques octets toutes les heures.

source : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Pierre-MOSCOVICI-et-Philippe.html, http://www.cre.fr/documents/deliberations/proposition/comptage-evolue-grdf/consulter-la-deliberation, http://www.grdf.fr/collectivites-territoriales/grdf-votre-conseiller-energetique/le-compteur-communicant/

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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