Catégorie : Constructeur

Greenpeace encense Wipro

Greenpeace vient de publier la 18ème édition de son Guide to Greener Electronic (Guide pour une high-tech responsable).

En plus des critères préexistants – transparence, éliminations de substances chimiques toxiques, utilisation de matériaux recyclés, respect des engagements, etc. – Greenpeace demande désormais aux fabricants de prendre en compte d’autres critères, notamment :
– fixer des objectifs de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et de réduction de la consommation d’énergie plus ambitieux pour 2015,
– lutter contre l’obsolescence programmée, en allongeant la durée de vie des équipements, notamment en proposant des durées de garantie plus longues et en publiant la durée de disponibilité des pièces détachées et autres composants nécessaires à une réparation.

Des progrès notables, sauf en terme d’allongement de la durée de vie
Si les fabricants ont tous, dans l’ensemble, fait des progrès, notamment en éliminant certaines substances toxiques de leurs équipements (PVC, BFR, etc.), les processus de fabrication n’ont pas progressé.

« Les émissions de produits chimiques et la consommation d’énergie augmentent concernant l’extraction des matières premières, la fabrication, l’assemblage et l’expédition des produits électroniques grand public et des ordinateurs » synthétise Casey Harrell qui pilote la campagne chez Greenpeace.

Seul Panasonic se distingue sur le critère Product life cycle qui vise à lutter contre l’obsolescence programmée en allongeant la durée de vie active des produits. Le fabricant nippon propose par exemple un stock de « spare » de 6 ans pour les ordinateurs et de 8 ans pour les télévisions. HP, Apple, Samsung, Lenovo, LGE, Sharp, et Toshiba sont au dessus de la moyenne. Cette évaluation laisse songeur vu la politique délibérée d’Apple pour accélérer l’obsolescence de ses produits (batterie soudée, nouveau connecteur Lightning de l’iPhone 5, etc.).

Wipro fait cavalier seul avec une note supérieure à 7
Wipro fait une entrée en fanfare dans le classement en se propulsant loin devant HP (ancien meilleur élève) avec une note supérieure à 7 sur 10. Le choix de Greenpeace est étrange car Wipro est une société de service (SSII) indienne dont l’activité principale ne consiste pas à fabriquer des ordinateurs.

Wipro marque des points en se fixant l’objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre le plus ambitieux du classement (-44 % en 2015 par rapport à 2008) et en fournissant un plan d’action détaillé. L’entreprise est aussi récompensée pour ses équipements peu énergivores (52 % vont plus loin que les exigences de l’éco-label Energy Star 5.0) et qui contiennent peu de produits chimiques toxiques (80 % ne contiennent pas de polyvinyl chloride plastic (PVC) et de retardateurs de flammes bromés (BFR)). Par ailleurs, et c’est un critère de plus en plus important pour Greenpeace*, le système de collecte et de recyclages des DEEE (déchets électroniques) de Wipro serait le plus performant… d’Inde.

HP, Nokia, Acer au dessus de la moyenne
Meilleur élève depuis de nombreux mois, HP est rétrogradé tandis que Nokia et Acer rejoignent le peloton de tête. HP est sanctionné pour son programme de collecte et de retraitement de ses équipements en fin de vie qui n’a pas assez progressé. Greenpeace sanctionne HP pour son manque de transparence sur la durée de garantie et de disponibilité des composants de rechange… Un comble ! HP et Dell sont les seuls fabricants à proposer des extensions de garantie à 5 ans et à disposer d’un stock de pièces détachées.

Bien que Nokia progresse dans le classement, le fabricant de téléphone est fortement sanctionné pour son manque d’engagement à promouvoir les énergies renouvelables, le faible taux d’utilisation de plastiques recyclés, et la faible durée de vie de ses produits.

Samsung, Dell, Apple proches de la moyenne
Dell a été rétrogradé dans le classement car il n’a pas tenu ses promesses. Le texan s’était engagé en 2010 et 2011 à éliminer les PVC et les retardateurs de flamme bromés (BFR). Ce qu’il n’a pas fait. Apple est déclassé pour son manque de transparence. Samsung a progressé à tous les niveaux. Il ne lui reste plus qu’à se faire l’avocat des énergies renouvelables, à retirer certaines substances chimiques toxiques de ses produits, et à sourcer ses matières premières pour rejoindre le peloton de tête.

LGE, Philipps, Lenovo, Sony : mauvais élèves
Avec 3,9 sur 10, Lenovo est le moins mauvais des cancres du classement. Greenpeace reproche surtout à Lenovo de ne pas avoir tenu son engagement à retirer le PVC et les BFR de ses produits. Globalement, le chinois est moyen ou mauvais dans tous les domaines, sans briller sur aucun critères de notation. C’est le cas des autres fabricants de ce groupes.

RIM, Toshiba, Sharp : très mauvais élèves
Si Sharp se distingue par des produits particulièrement économes en énergie, le fabricant japonais est mauvais partout, surtout en ce qui concerne les substances chimiques toxiques. Greenpeace reproche à Toshiba d’éliminer trop lentement les substances chimiques toxiques de ses produits. RIM reste bon dernier, comme lors du classement précédent. Le Canadien est mauvais partout, surtout en ce qui concerne le sourcing de ses matières premières et les implications possibles de ses fournisseurs dans les minerais de sang en République Démocratique du Congo (RDC).

Source : http://www.greenpeace.org/international/en/Guide-to-Greener-Electronics/18th-Edition/

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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