Catégorie : Logiciels

DCIM : une réponse aux enjeux environnementaux des data centers

Tribune. Par Robert Neave, co-fondateur et vice-président de la section Initiatives IT durables, nlyte Software

Les data centres centralisent toutes les opérations au sein de l’infrastructure informatique des entreprises. Mais avec l’augmentation des volumes de données, l’importance croissante de la virtualisation et des technologies de « cloud computing », de nombreuses entreprises n’ont pas encore pris la pleine mesure du coût réel de leur data centres. Les solutions de gestion d’infrastructures de data centres, appelées DCIM (pour Data Center Infrastructure Management) permettent de s’assurer que les investissements ne sont pas gaspillés, que les objectifs environnementaux sont atteints et que la réputation de l’organisation n’est pas affaiblie par des stratégies de data centres volatiles, gourmandes en consommation d’énergie et difficilement contrôlables.

L’âge sombre des data centres
De nombreuses causes d’inefficacités sont parvenues à échapper aux différents outils de contrôle, les coûts en alimentation étant longtemps passés inaperçus dans des budgets informatiques conséquents. Certaines pratiques obsolètes conduisent à des situations où seulement une fraction de l’énergie consommée alimente réellement les systèmes informatiques. Mais l’avenir apparaît de plus en plus « vert » alors que les budgets sont moins généreux et que le thème de la responsabilité sociétaale des entreprises revient sur la table.

Un provisionnement excessif est aujourd’hui le principal responsable des gaspillages d’énergie dans les data centres. Pour garantir le bon fonctionnement et prévenir tout arrêt au sein de l’infrastructure informatique, les différents éléments qui la composent fonctionnent souvent en sous-utilisation. Des systèmes de redondance et de duplication ont volontairement été mis en place dans le but d’assurer la meilleure disponibilité possible.

Ainsi, certains data centres n’utilisent que 5 à 10 % de leurs capacités informatique et selon IDC, environ 40 % des coûts liés aux data centres sont affectés à l’alimentation électrique, une proportion qui devrait dépasser les 50 % d’ici 2015. Si des niveaux importants de redondance peuvent garantir une bonne performance, réduire les risques et renforcer la fiabilité des opérations, ils alourdissent la facture énergétique, une situation tout simplement intenable au regard de l’augmentation des coûts de l’énergie et de la fragilité du climat économique actuel.

Quand la loi se met au vert
Le respect environnemental est également devenu une question de conformité règlementaire. Alors que l’Union Européenne a fixé comme objectif une réduction de 20 % des émissions de CO2 entre 1990 et 2020, la pression internationale, exercée sous forme de nouvelles législations, réglementations et codes de conduite volontaire, devient de plus en plus forte.

Si le Code de conduite européen apporte une aide et des conseils utiles sur les moyens d’alléger le fardeau des services non utilisés en révisant sa stratégie de refroidissement et en mettant en place une politique de gestion des données, ce dernier repose essentiellement sur une base volontaire (bien qu’une législation plus contraignante devrait voir le jour dans l’avenir).

Les solutions DCIM : une étape environnementale majeure
La dernière génération de logiciels DCIM permet aux départements informatiques de visualiser, modéliser, planifier, contrôler, rapporter et prévoir les usages énergétiques et permettent un accès simplifié à un ensemble d’informations capables non seulement d’améliorer l’efficacité des data centres mais également de garantir la mise en conformité de l’entreprise à des législations de plus en plus strictes. Les différentes étapes du processus de maturité DCIM permettent aux équipes en charge de la gestion des sites et des data centres de reprendre la main sur leur parc informatique à un niveau de compréhension et de maîtrise affiné, ouvrant la voie à un contrôle total aux niveaux des racks, serveurs, applications et réseaux.

Pour de nombreuses entreprises, le simple fait de savoir où sont localisés certains éléments est pratiquement impossible à l’aide de simples feuilles de calcul ou de technologies Visio et CAD. Dans ce cas, comprendre leurs interdépendances au sein du data centre n’est pas envisageable. Grâce aux stratégies DCIM, cette cartographie ne représente qu’une première étape. Une interface visuelle permet aux responsables de data centres de modéliser et de gérer aussi bien leur parc informatique que ses critères d’espace, de refroidissement et d’alimentation, en cas d’installation, de déplacement, d’ajout ou de changement (IMAC), ce qui leur permet de comprendre en profondeur la structure du data centre, avant même que l’équipement physique ne soit déplacé.
Avec le développement de la masse de données et de tendances telles que la virtualisation, la composition et les exigences, les data centres sont soumis à des changements permanents et sont, de ce fait, extrêmement volatiles. Il est pour cette raison essentiel que les organisations aient la possibilité de définir (et de modifier) leurs seuils de capacités et leurs limites opérationnelles : la capacité des logiciels de gestion DCIM à créer des scénarios de type « et si » permet de s’assurer que les décisions qui concernent l’alimentation, l’espace et le refroidissement sont prises au bon moment, sans aucun effet domino néfaste.

Les options de ‘Reporting’ constituent également un élément de plus en plus important des stratégies DCIM. Avec des data centres qui représentent aujourd’hui plus de la moitié de l’empreinte carbone des entreprises, et la mise en place de règlementations telles que le système de réduction de l’empreinte carbone CRC, instauré en Grande-Bretagne , l’efficacité des opérations des data centres est un sujet dont l’importance s’étend désormais à tous les domaines des entreprises, de l’ingénieur au conseil de direction. L’analyse en temps réel sur une interface visuelle unique est devenue essentielle, dans la mesure où un grand nombre d’employés doivent désormais analyser les tendances et prévoir les niveaux d’utilisation futurs, sans parler des organes de régulation qui peuvent être amenés à exiger des rapports sur l’efficacité des utilisations énergétiques lors d’une évaluation complète de la capacité environnementale d’un data centre.

L’avenir sera vert
La maturité croissante des logiciels de gestion DCIM n’offre plus d’excuse aux organisations lorsqu’il est question de comprendre les bénéfices réels de la « transition verte » des data centres. Les outils de gestion DCIM n’aident pas uniquement les entreprises à réduire leur empreinte carbone et à respecter les exigences de mise en conformité de leur data centres mais permettent également de faire progresser leur efficacité opérationnelle à un niveau plus basique et constructif. Ce progrès comprend la protection contre les pannes d’électricité et la lutte face aux coûts de l’énergie toujours plus élevés dans le but commun d’améliorer radicalement les résultats commerciaux finaux au regard des objectifs d’efficacité énergétique et de bénéfice brut.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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