Catégorie : Acteurs

L’échec de Cancun

Après l’échec de Copenhague l’année dernière, 194 pays se sont réunis à Cancun pour juguler les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’humanité. Le principal objectif, trouver une suite au protocole de Kyoto qui s’achèvera en 2012, n’a pas été atteint. Comme le résume très justement Wendel Trio, directeur de Greenpeace International : « Cancun a peut-être sauvé le processus de discussion des Nations-Unies mais pas encore le climat ».

Les seuls consensus obtenus portent sur :
– le fait de limiter le réchauffement global à 2 degrés Celsius,
– et la création d’un « fond vert pour le climat ».

Le fond vert pour le climat est un document de 30 pages qui liste des déclarations d’intentions dont les modalités pratiques de mise en oeuvre seront discutées ultérieurement. D’un montant de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, il vise à aider les pays en développement à s’adapter au dérèglement climatique :
– en adoptant des technologies « propres »,
– en réduisant la déforestation à l’origine de 15% à 20% des émissions de CO2.

Le sommet de Cancun est un échec à double titre.

D’une part, même s’il n’a pas permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre (+38% entre 1990 et 2005…), le protocole de Kyoto avait le mérite de fixer des objectifs communs chiffrés. 30 ans plus tard, malgré une compréhension plus fine des mécanismes en jeu et de l’urgence croissante, nos représentants ne sont plus capables de se mettre d’accord. C’est un recul très net de la volonté des gouvernants de protéger l’humanité.

D’autre part, le fond vert pour le climat est un véritable plan Marshall que les pays dits « développés » tentent d’imposer aux pays dits « en développement ». Ce nouveau plan Marshall vise d’abord à relancer l’économie des pays développés, et seulement ensuite à aider les pays en développement à s’adapter à la crise climatique. De nombreuses associations telles que Via Campesina dénoncent cette dérive.

Dans un communiqué, /www.viacampesina.org/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=556:la-via-campesina-declaration-de-cancun-les-milliers-de-solutions-se-trouvent-entre-les-mains-des-peuples&catid=46:changements-climatiques-et-agrocarburants&Itemid=71>Via Campesina rappelle que, pour résoudre la crise climatique, « nous avons besoin d’un changement de paradigme de développement et d’économie » et « qu’il nous faut transcender la pensée anthropocentrique ». En d’autres termes, la technologie seule ne résoudra pas les problèmes environnementaux actuels.

Contrairement à ce que croient nos dirigeant, le développement durable ne se résume pas à une « croissance des ventes de technologies vertes ». Pour être durable, le développement de l’humanité nécessite de changer nos habitudes en profondeur, notamment dans les pays développés où l’empreinte écologique par habitant est plusieurs fois supérieure à celle des habitants des pays en développement. Vendre des technologies « propres » aux pays en développement ne fera pas baisser l’empreinte écologique des pays développés…

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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