Catégorie : Hébergeur

Associer collectivités locales et centres informatiques

Dominique Morvan est Directeur Général du groupe Eurafnet et d’Internet Fr, l’un des principaux acteurs de l’hébergement infogéré en France. Il partage avec nous ses réflexions sur l’informatique “verte”.

Vous comparez le Web 2.0 au Green IT. Pourquoi ?
Ce sont deux moyens d’améliorer l’image de marque de l’entreprise : on contribue à sauver la planète, on donne la parole aux internautes.

Est-ce le seul point commun ?
Non. Le Green IT et le Web 2.0 ne sont pas des innovations technologiques. Il s’agit essentiellement d’une prise de conscience. Dès lors, les éditeurs de contenus pour le web 2.0, et les constructeurs pour le green IT ont flairé l’argument marketing pour mettre en évidence les progrès (légitimes et visibles) accomplis sur plusieurs années.

Les entreprises innovent donc peu dans ce domaine ?
Effectivement. Beaucoup de moyens ont été mis en place ces deux dernières années. Mais il s’agit surtout de respecter les normes et les obligations légales.

Ce sont donc les constructeurs, sous la pression légale, qui innovent le plus ?
Oui. Ce sont surtout les normes qui sont prises en compte par les constructeurs puis par les clients qui amènent à un respect de l’environnement. La marge de manœuvre du client se ramènera souvent à un choix supplémentaire dans ses achats de matériels qui sera dicté par des considérations principalement économiques.

Pourquoi respectez-vous le plus possible l’environnement ?
Pour des raisons économiques et éthiques. Les deux sont désormais indissociables. Par exemple, pour la construction du nouveau data center Internet Fr de Massy, nous avons baissé de 80 % les besoins en climatisation en compartimentant nos salles informatiques afin de maîtriser et concentrer les flux d’air chaud en provenance des serveurs dans un espace réduit pour faciliter son évacuation. Cette technique a multiplié par deux l’efficacité des systèmes de refroidissement, réduisant de près de 50 % l’énergie nécessaire au maintien des serveurs à la température optimale de fonctionnement. Pour générer de l’air frais, Internet Fr a eu recourt à la technologie du free-cooling qui consiste à aspirer l’air extérieur quand la température le permet. Celle-ci permet d’éviter d’utiliser des compresseurs à eau (climatisation classique) qui sont de véritables gouffres énergétiques. En respectant l’environnement, nous faisons des économies.

Vous regrettez une vision trop étroite des projets Green IT en France. Pouvez-vous nous expliquer ce point de vue ?
Dans notre cas par exemple, nous faisons notre possible, mais il reste une quantité de chaleur qui est renvoyée dans l’air ambiant et qui n’est pas retraitée. Nous pourrions mettre cette énergie à la disposition des collectivités locales qui sont à proximité pour qu’elles puissent la réutiliser à bon escient.

Et pourquoi ne le faites vous pas ?
Beaucoup de collectivités ne sont pas sensibilisées sur le sujet ou alors, les investissements collectifs à réaliser ne peuvent pas être inscrits raisonnablement au budget de la collectivité. L’état et les élus doivent être prescripteur. Le politique doit prendre les devants et définir un certain nombre d’incitations pour que tous participent à cet effort.

Faut-il des incitations fiscales ?
Oui. Ce sont principalement les incitations fiscales qui amènent quelques particuliers qui en avaient besoin à revoir l’isolation de leur maison ou leur système de chauffage ou de production d’énergie. De la même manière, la
collectivité voisine d’un exploitant de data center serait plus tentée de réagir si des incitations, si ce n’est des obligations, étaient imaginées par le politique.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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