Catégorie : Acteurs

Synthèse du forum Green IT France 2008

Le forum Green IT France 2008 se tenait mercredi dernier à la Défense. J’ai eu la chance d’y participer.

Voici un résumé de la journée pour tout ceux qui n’ont pas pu y assister. Si vous y étiez, partagez avec nous les points qui vous ont marqués en laissant un commentaire.

1) Les participants
Environ 70 personnes étaient présentes, essentiellement de grandes entreprises et institutions telles que la RATP, l’OCDE, la Poste, Total, le Crédit Agricole, Nature et Découvertes, Bouygues Immobilier, Volvo, etc. Parmi ces entreprises , j’ai rencontré de nombreux lecteurs / membres de GreenIT.fr : Thierry, Adrien, Nicolas, Philippe, etc. Du côté des fournisseurs, APC, EMC, IBM, et Osiatis sponsorisaient l’évènement. Sun est également intervenu.

2) Les idées clés à retenir

2% ou 98% ?
Les entreprises qui pratiquent le Green IT sont essentiellement tournées vers la réduction de l’empreinte carbone du système d’information. Mais les fournisseurs ont déjà les yeux tournés vers l’économie positive / légère. “2% des émissions de CO2 sont liées à l’informatique. Va-t-on se focaliser uniquement sur ces 2% ? Ou utiliser l’informatique pour réduire les 98% d’émissions restantes ?” s’interrogeait Nicolas Sekkaki chez IBM durant sa présentation.

Il se dessine donc deux approches du green it :
– tactique : optimiser les processus informatiques existants (économies financières et environnementales),
– stratégique : aider les directions métier à glisser vers l’économie positive / légère en concevant de nouveaux produits et services innovants où les trois informatique, environnement et social jouent un rôle clé.

3) Green IT tactique

Une ribambelle de mesures concrètes
Les entreprises mettent toutes en oeuvres des mesures concrètes et simples pour réduire l’empreinte écologique du système d’information :
– mesurer l’empreinte carbone de l’entreprise et du système d’information,
– mettre en place une double comptabilité euros / CO2 pour tous les services,
– prolonger la durée de vie des postes de travail de 3 à 5 ans et sauter Vista,
– optimiser les impressions et dématérialiser les processus,
– optimiser la consommation du parc de PC (extinction automatique la nuit, etc.),
– migration vers des terminaux légers,
– réduction de la consommation électrique du datacenter grâce à la consolidation / virtualisation des serveurs,
– intranet de co-voiturage.

Réduction des déplacements
Télétravail, webconférence et téléprésence sont l’une des mesures clés pour certaines grandes entreprises. “En terme de réduction de nos émissions de CO2, l’optimisation de la consommation de notre parc de PC est une mesure insignifiante comparée à la réduction de nos déplacements professionnels qui représentent 800.000 tonnes de CO2 par an” a illustré Maelle Bissonnet, responsable IT et développement durable de Total.

Convaincre la direction générale
Pour tous les intervenants, le meilleur moyen d’obtenir le financement de ces mesures est d’abord de parler des économies financières générées, puis de l’impact écologique positif. Tous s’accordent aussi sur l’importance de la dimension sociale du “green it” qui doit être vu comme l’application du développement durable à l’informatique. Même s’il est plus facile de réduire le nombre de kWh consommés que d’augmenter le pouvoir d’achat et / ou le confort des salariés !

4) Green IT stratégique

Un premier pas vers l’économie positive
Pour 69% des dirigeants dans le monde, le développement durable et l’écologie ne sont plus une contrainte mais une opportunité pour glisser vers l’économie légère / positive. C’est le cas notamment de Bouygues Immobilier avec son projet Green Office et des logements sociaux “verts” de l’OPAC de Moulins. Dans ces projets, informatique et développement durable sont deux leviers pour réinventer leur métier.

L’OPAC de Moulins a par exemple déployé des tableaux de bord “green” (sites web) dans chaque logement de son parc HLM pilote. Ces tableaux de bord indiquent en temps réels aux locataires leur consommation en chauffage, électricité, eau chaude, etc. “Les gens peuvent ainsi faire des statistiques, prévoir leur budget, et réaliser des économies en changeant leur comportement” indique Jacky Failly,directeur du développement de l’OPAC Moulins Habitat. “Nous redonnons du pouvoir d’achat aux locataires en les aidant à réduire leur empreinte écologique grâce à l’informatique” résume-il. Aux normes HQE, les bâtiments produisent une partie de leur électricité grâce à des panneaux solaires et à des générateurs installés sur les freins des ascenseurs des bâtiments.

Chez Nature et Découvertes, l’équipe informatique a développé un logiciel sur mesure pour tenir une double comptabiltié euros / CO2. Elle a également optimisé la gestion de la chaîne logistique pour réduire son empreinte carbone. La DSI de la chaine de distribution accompagne actuellement les acheteurs dans leur effort de sourcing (pour récolter le “coût CO2” de chaque produit ainsi qu’une analyse détaillée de son cycle de vie) en mettant en place une base de données spécifique. Bref, l’informatique est au coeur de la politique RSE de l’entreprise.

5) Les autres temps forts de la journée

– Intervenant lors d’une table ronde, Gilles Berhault (président fondateur de ACIDD et de TIC 21) a rappelé que les NTIC ont un rôle crucial à jouer pour relever les défis environnementaux qui nous attendent. Il a cité un exemple simple : les utilisateurs de GPS consomment 8% d’énergie en moins pour un même trajet.

– Fabrice Flipo, maître de conférences en philosophie à l’Institut Télécom a rappelé que “certains matériaux qui permettent de construire un PC (lithium par exemple) seront épuisés d’ici 25 à 30 ans. La priorité n’est donc plus à la technologie, même si elle reste un levier indispensable pour relever les défis qui nous attendent. La priorité, c’est de se poser les bonnes questions et de réorganiser en profondeur certains processus de la société en fonction de ces contraintes”.

– Spécialiste de l’alimentation électrique et du conditionnement des datacenters, APC a également tiré la sonnette d’alarme en rappelant qu’un smartphone “consomme 7 kWh par jour si on inclut tous les processus informatiques sous-jacents déportés du côté du datacenter”. Un simple clic sur le clavier d’un smartphone génère donc une quantité de plus en plus importantes de déchets radioactifs ou de CO2.

– Chiffres et cas clients à l’appui, Osiatis est revenu en détail sur le potentiel de réduction du volume des impressions. Chaque salarié imprime à peu près son poids – 50 à 80 kg – chaque année. Au total, 30 milliards de pages sont imprimées et jamais lues. Le toner noir et blanc coûte 1500 à 2000 euros le litre (bien plus que du parfum ou qu’un grand vin) ! Le TCO du poste impression varie de 400 à 1200 euros par an et par employé. Heureusement, le potentiel d’économies est de l’ordre de 30 à 40% du budget annuel.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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