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Interview : « Il faut envisager l’efficacité énergétique dans sa globalité »

Les technologies actuelles permettent-elles d’optimiser l’impact environnemental du stockage, notamment sa consommation d’énergie ?
Pas encore. Le volume de données informatiques croît à un rythme exponentiel : +60% par an. Aujourd’hui les architecture de stockage ne sont plus adaptées. L’utilisation réelle des ressources de stockage est inférieure à 30 %. Et 70 % des données ayant une ancienneté supérieure à 60 jours sont rarement réemployées. L’achat de systèmes de stockage plus rapides avec des disques de capacité supérieure ne résoudra pas le problème. Il faut gérer différemment l’information.

Quelles solutions préconisez-vous ?
Il n’y a pas de solutions miracle mais un ensemble d’outils qui permettent de bâtir une nouvelle architecture de stockage : la virtualisation, la déduplication, la compression des données, etc. Il faut arriver à virtualiser totalement l’infrastructure de stockage pour augmenter son taux d’utilisation et donc réduire proportionnellement la quantité d’énergie consommée par Go. On commence à y arriver avec l’approche de l’allocation dynamique (thin provisioning) qui ressemble à du surbooking. Les disques durs virtuels présentent 2 fois plus de capacité qu’il n’en existe sur les disques physiques. En gérant finement le seuil de surbooking, on optimise le taux d’occupation des disques physiques. Cette approche sera reconnue à terme comme la seule méthode de virtualisation du stockage permettant d’augmenter l’utilisation, d’éliminer l’espace alloué et inutilisé, de récupérer les ressources non exploitées, de réduire les copies redondantes, d’accroître le débit d’accès et d’assurer un transfert non perturbateur de données pour une gestion multi niveaux, une migration ou une réplication.

Pouvez-vous nous expliquer l’intérêt de la dé-duplication ?
Aujourd’hui on stocke entre 10 et 20 fois une même données ou un même document. Il ne suffit donc pas d’optimiser le taux d’occupation des disques. Il faut aussi stocker plus intelligemment les données pour ne les stocker qu’une seule fois (single instance storage). C’est l’enjeu de la déduplication : éliminer toutes les copies redondantes tout en gérant le cycle de vie de la données : vive, archivée, etc. Au final, le stockage intelligent des données (dé-duplication, thin provisioning, etc.) permet d’économiser 30 à 40% des besoins en espace et en énergie.

L’archivage paraît inévitable ?
Oui. Entre les contraintes réglementaires de traçabilité (SOX, etc.), les étiquettes RFID, et la concurrence de Google qui pousse les entreprises à offrir des quotas de plusieurs Go à leurs utilisateurs, le volume de données créées sera trop important pour qu’elles soient toutes accessibles instantanément. Il va donc y avoir une segmentation forte entre les données « vivantes » de moins de 60 jours et les autres. Bien entendu, si l’on stocke ces données sur des bandes ont réduit drastiquement l’impact énergétique. Mais pour y parvenir, il faudra gérer l’archivage : déduplication, gestion de la durée de vie de la donnée (pour la supprimer), etc.

Y’a-t-il d’autres approches intéressantes évoluer vers un stockage éco-responsable ?
Oui. Le thin provisioning permet de gérer plus efficacement l’infrastructure matérielle, notamment d’éteindre les disques lorsqu’ils ne sont pas utilisés. D’autre part, un disque de 160 Go consomme autant (environ 20 watts) qu’un disque de 1 To. La densification des disques est donc une bonne chose d’un point de vue technologique.

Comment faire évoluer un datacenter âgé de plusieurs années et qui fonctionne en 24 x 7 ?
C’est l’une des principales difficultés techniques car la majorité des entreprises ne peuvent pas se permettre de construire un nouveau datacenter. Chez HDS nous misons sur des technologies de réplication non perturbatrices telles que notre solution Universal Storage Platform. L’idée est répliquer les données dans un datacenter spécialisé soit définitivement, soit le temps de la migration. C’est tout l’enjeu de notre partenariat avec Data Islandia. Ce datacenter utilise une énergie hydroélectrique et géothermique abondante en Islande, et des techniques de refroidissement naturelles pour offrir un service d’archivage de données écologique. Nous avons développé un système d’échange de données ultra-rapide (« Data Scooter ») pour faciliter le transfert de données vers ce service.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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