Catégorie : Bonnes Pratiques

Et si nous envoyions nos courriels au format texte ?

Afin de valider l’intérêt d’une bonne pratique que nous conseillons dans le livre éco-conception web : les 100 bonnes pratique, je viens de faire une étude rapide du gain potentiel du passage de courriels au format HTML au format texte brut, tant d’un point de vue économique qu’environnemental.

Les courriels au format texte 12 fois moins lourds

L’échantillon sélectionné est composé de 7 e-mails, tous au format HTML. Cinq d’entre eux sont des courriers classiques dont l’un possède une pièce attachée (document Word d’environ 25 Ko). Les deux autres sont des lettres d’information (newsletter). L’une est relativement sobre. En revanche, la seconde appelle 331 Ko d’images dans le webmail ou le logiciel de messagerie. Au total, la taille moyenne d’un e-mail au format HTML (en comptant les pièces attachées) est de 81 Ko. C’est un ordre de grandeur valable au regard des travaux de recherche déjà menés pour établir le poids moyen d’un e-mail [4]. J’ai ensuite enregistré l’ensemble des courriels au format texte pour pouvoir comparer leur poids. Ils pèsent en moyenne 4 Ko sans pièce attachée et 7 Ko avec. Le poids des pièces attachées est donc déterminant pour les courriels au format texte.

L’étude comparative de cet échantillon révèle que les courriels au format texte pèsent en moyenne 3 fois moins lourd que les courriels au format HTML si on ne tient pas compte des images associées. Dès que l’on considère l’ensemble des éléments, un e-mail au format texte pèse, en moyenne 12 fois moins lourd qu’un e-mail au format HTML, avec un écart allant de 2 à 37 selon le message.

Quelques bonnes pratiques basiques peuvent donc avoir un impact très important :
– envoi des courriels au format texte,
– pas de pièce attachée mais un lien pour la télécharger,
– si l’e-mail est au format HTML, ne pas joindre les images et feuilles de style, mais laisser l’option à l’utilisateur de les télécharger.

Un gâchis annuel de 8 millions de To

Sachant que les français ont envoyé 1,4 milliard d’e-mails par jour en 2010 [1], on peut estimer le trafic quotidien des courriels au format HTML à 103 645 Go et celui au format texte à 9 727 Go. A l’échelle d’une année, le passage du format HTML au format texte permettrait d’économiser, rien qu’en France, 37 000 To de bande passante et d’espace de stockage. Un chiffre colossal !

Le gain est encore plus impressionnant à l’échelle mondial puisqu’il avoisine 8 millions de To, soit environ 25 millions de disques durs standards. Oui, vous lisez bien : le passage du format HTML au format texte permettrait d’éviter le recours à 25 millions de disques durs standards chaque année !

100 000 euros d’économies par an pour une grande entreprise

A l’échelle de l’internaute ou du salarié, les gains sont faibles, de l’ordre de 10 euros par utilisateur et par an. Mais à l’échelle d’une grande entreprise (10 000 salariés traitant 100 mails par jour), ils se chiffrent au bas mot à 17 To par an, soit une baie de stockage moyenne. L’économie financière potentielle se chiffre à environ 100 000 euros par an rien que pour le coût du stockage des courriels, et à 12 000 tonnes d’équivalent CO2 non émises [3], soit près d’une tonne par salarié.

Au delà des dimensions environnementales et économiques, le recours au format texte brut présente plusieurs autres avantages.
– Cela permet de décharger les réseaux mobiles qui saturent et les baies de stockage des opérateurs et des entreprises.
– L’utilisateur relève et envoie ses messages bien plus vite depuis son smartphone, même avec une connexion itinérante de mauvaise qualité.
– Sans parler de l’absence de risque de sécurité, ous liés au format HTML.

Source : GreenIT.fr

[1] http://www.arobase.org/culture/chiffres-email.htm – ce volume a augmenté depuis 2010.
[2] 72 courriels sont reçus et 33 sont envoyés en moyenne par jour en entreprise par chaque collaborateur. Seuls 14 messages sont identifiés par les usagers comme étant du spam.
(Radicati Group, mai 2011)
[3] CO2 : une entreprise de 100 personnes génère chaque année rien qu’avec son courrier électronique 13,6 tonnes d’équivalent CO2, soit l’équivalent de 14 allers-retours Paris et New York. (ADEME)
[4] voir notamment http://www.woueb.net/2007/07/17/etude-sur-la-taille-moyenne-des-mails/ et http://docs.sfr.fr/guide/rapport_methodologique.pdf

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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