Catégorie : Bonnes Pratiques

5 clés pour lancer une démarche Green IT dans votre entreprise

Le Colloque Green IT 2011, organisé par GreenIT.fr, TIC Ethic et les diplômés de Télécom ParisTech, Télécom SudParis, Télécom Bretagne et Télécom EM, fut une belle réussite. Une météo au beau fixe, un public nombreux, des échanges riches animés par un panel d’experts sur une variété de sujets : des conditions idéales pour faire le point sur les technologies et le développement durable.

Six tables rondes thématiques ont permis aux participants de faire le point sur des sujets tels que :
– Comment initier une démarche Green IT dans mon entreprise ?
– Datacenter, Cloud Computing, externalisation… quelles pratiques pour quel impact environnemental ?
– Les TIC au service du pilotage énergétique
– PC vs Client Léger, Impressions : les enjeux environnementaux de la virtualisation
– Télétravail, collaboratif et nouvelles organisations : au service du développement durable ?
– Fin de vie des équipements électroniques : bonnes pratiques et innovations
– Green IT : Innovation dans le domaine des TIC et du Développement Durable

En attendant les vidéos des interventions, vous trouverez ci-dessous le compte-rendu de la table ronde « Comment initier une démarche Green IT dans mon entreprise ? ». Animée par Guilhem Ribart, consultant Green IT chez SterWen Consulting, elle a rencontré un franc succès. Cette session a permis de révéler cinq leviers essentiels dans le lancement d’une démarche Green IT.

1. Trouver les leviers de motivation

Dans la plupart des cas, l’origine de la démarche Green IT provient de la Direction du Développement Durable ou de la Direction des Systèmes d’Information. Ses motivations profondes varient cependant d’une entreprise à l’autre, en fonction de sa culture et de ses objectifs.

Laurent Pétouillat, chef de projet Green IT chez GDF SUEZ, témoigne : « Tout d’abord, le développement durable est dans les gènes de GDF SUEZ. Mais ne nous voilons pas la face, un programme Green IT est également très intéressant pour ses gains économiques. Enfin, nous avons également une volonté d’anticiper la règlementation. »

C’est un impératif stratégique qui a guidé le choix d’Emmanuel Martinez, directeur Environnement du Groupe Société Générale : « notre souhaitons conduire le Groupe vers la neutralité carbone. Pour cela, notre objectif est de réduire de 11% nos émissions de CO2 par occupant sur 2008-2012, tout en compensant progressivement les émissions. L’informatique représente une part significative : autour de 50% de la consommation électrique et 25% des émissions de CO2 du Groupe. »

Quant à Charbel Eid, responsable Green IT du Groupe La Poste, « le programme Green IT s’inscrit dans une démarche plus générale de développement responsable initialisée en 2003. Ainsi, en plus des enjeux environnementaux et économiques, ce programme intègre des préoccupations éthiques et sociales. »

Les aspects économiques, environnementaux et sociaux sont donc tous concernés. A vous d’actionner les bons leviers.

2. Réaliser un diagnostic

Si l’origine des démarches varie, ces trois entreprises présentent un point commun : elles ont initié leur démarche par un diagnostic Green IT, qualitatif et quantitatif.

« Sans mesure, on ne peut pas s’améliorer », rappelle Guilhem Ribart. Déterminez un point de départ, en euros et en teq.CO2. Vous pourrez alors fixer des objectifs de réduction de l’empreinte environnementale de votre système d’information.

Pour cela, le Groupe La Poste a développé un outil qui lui a permis d’évaluer l’impact CO2 de son parc informatique. Résultat : 43 kilotonnes eq CO2 , représentant environ 4% de l’empreinte carbone totale du Groupe. Charbel Eid rappelle que dans ce domaine, il s’agira toujours d’estimation et non de mesures précises.

Claire Allain de Devoteam Consulting et Pascale Fondeur de Weave O2 France reconnaissent cependant que la principale difficulté réside dans la phase de collecte des données. « Beaucoup de pédagogie est nécessaire en amont. Ne mettez pas la charrue avant les bœufs et prenez le temps de faire adhérer les équipes », précise Pascale Fondeur.

« Dans le cas d’un grand groupe réparti sur 5 continents, il faut accepter de ne pas tout mesurer et définir plusieurs niveaux d’information », avertit Laurent Pétouillat. Exemple pour les datacenters : si la consommation en GWh d’un datacenter n’est pas connue, on peut réaliser une estimation à partir du nombre de serveurs ; si ce dernier nombre n’est pas connu, on se contentera de la surface du datacenter.

Notre Frédéric Bordage national rappelle à juste titre qu’une méthode pour le bilan GES spécialisée pour le SI est en préparation avec l’ADEME.Au final, l’étude du niveau de maturité du Groupe Société Générale a permis de déboucher sur un programme Green IT constitué de cinq axes majeurs (datacenters, environnement de travail, méthodes de travail, achats, immobilier responsable) et décliné en 30 initiatives et projets.

3. Désigner un sponsor

Autre clé garante du succès de votre démarche Green IT : la mise en place d’une gouvernance en bonne et due forme. L’idéal est d’obtenir un sponsoring au niveau de la Direction Générale, assorti d’un comité de pilotage et de groupes de travail, comme c’est le cas dans le Groupe La Poste. Ce dispositif permet de fixer des objectifs et suivre l’avancement des projets.

Pour Claire Allain, ce point est crucial : « une difficulté que nous avons rencontrée est également le sponsorship et l’allocation de moyens pour la démarche. »

4. Lancer des initiatives… à iso-budget

« Tout le monde veut faire du développement durable mais personne n’a de budget et chacun se renvoie la balle », lance Frédéric Bordage, fidèle à son franc-parler.

L’astuce : profiter des « quick wins » et des projets auto-financés parmi les axes de progrès que vous aurez identifiés à l’issue de votre diagnostic Green IT. Ces premiers gains visibles vous permettront d’aller plus loin dans la démarche.

« Des investissements sont nécessaires, mais nous essayons dans certains cas de les compenser par les économies réalisées. Par exemple dans la mise en œuvre de solutions de gestion énergétique de parc informatique, nous espérons un ROI inférieur à 1 an », explique Charbel Eid.

Une autre méthode fait ses preuves au sein du Groupe Société Générale : en l’absence de réglementation nationale, un système de pénalités a été mis en place en interne pour toutes les entités du Groupe qui ne reporteraient pas leurs données environnementales, sous forme de compensation d’émissions de CO2.

Cependant, attention aux fausses bonnes idées ! Frédéric Bordage rappelle qu’au niveau des postes de travail et équipements, le véritable impact se situe au niveau de la fabrication – en raison des déchets toxiques et de l’épuisement des matières premières. La consommation en phase d’utilisation n’a qu’un très faible impact comparé à l’ensemble du cycle de vie. Au lieu de remplacer tout votre parc par des postes moins consommateurs, conservez vos équipements quelques années de plus. « Avec l’échec de Windows Vista, les entreprises se sont rendues compte qu’il était tout à fait possible de sauter une version de Windows et faire des économies en gardant les mêmes PC plus longtemps », complète Frédéric Bordage. Un bon moyen de lutter contre l’obsolescence programmée des équipements qui profite aux éditeurs de logiciels et constructeurs.

Pascale Fondeur complète : « Beaucoup d’initiatives sont faites sur la consommation d’électricité, notamment dans les datacenters. Or, les sociétés sont démunies dès qu’il s’agit de carbone embarqué dans les équipements. C’est le challenge de demain. »

5. Susciter l’adhésion… et la conserver

Communication, animation, sensibilisation, prise de conscience, adhésion… Autant de termes prononcés qui montrent bien l’importance de l’implication des collaborateurs dans votre démarche Green IT.

Conduite du changement ? Pas pour Laurent Pétouillat : « Je préfère parler d’éducation. Même si les collaborateurs sont généralement bien sensibilisés au développement durable, ils n’ont pas conscience de l’impact des TIC. Concrètement, la sensibilisation passe par un plan de communication et des outils tels qu’une newsletter, des vidéos… »

Charbel Eid détaille : « Dans le cadre général du Développement Responsable dans lequel s’inscrit notre démarche Green IT, en plus d’actions classiques de sensibilisation – diffusion de documents, informations et messages via des écrans localisés dans des lieux de passage tels que la cafétéria, organisation d’évènements, etc. – la formation des managers ainsi que l’intégration d’objectifs de responsabilité sociale et environnementale dans leur feuille de route tend à se généraliser dans le Groupe La Poste. »

Veillez également à faire passer des messages spécifiquement pour les collaborateurs de la DSI. « Ils doivent être en mesure de répondre à la question : mon projet IT contribue-t-il au développement durable ? », explique Claire Allain.

« Une démarche IT centralisée facilite les choses pour faire adhérer les pays », concède Emmanuel Martinez. « Nous nous sommes concentrés d’abord sur les plus grosses entités et avons exigé des plans d’action locaux. »

De l’avis de tous, le principal enjeu est de conserver l’adhésion des collaborateurs dans la durée, qui résulte d’une subtile alchimie entre sensibilisation et contrainte. L’avez-vous trouvée pour votre organisation ?

Le Green IT, un projet de transformation comme les autres

Guilhem Ribart conclut : « Une démarche Green IT est un projet de transformation qui se pilote comme les autres. » A ceci près qu’apparaissent des synergies nouvelles entre la DSI, la direction du Développement Durable et les métiers.

Nicolas Brunet

Diplômé de l’ENSEIRB, Nicolas s’est impliqué dans le REFEDD pendant ses études. Il a été hui consultant en management chez SterWen Consulting, où il a contribué au développement de l’offre Green IT, domaine à la croisée entre sa formation d’ingénieur en informatique et sa sensibilité pour le développement durable. Il s’intéresse plus particulièrement au pilotage de programme Green IT au sein des organisations, notamment via les modèles de maturité et méthodologies en la matière.