Catégorie : Bonnes Pratiques

Hacking : Pirater notre mode de vie pour le rendre durable

Attention, cet article peut heurter certaines âmes sensibles. Vous allez voir des matériels modifiés, des logiciels non homologués et certaines expérimentations hors normes. Si vous n’êtes pas prêts, passez votre chemin. 

Une croissance insoutenable

Le constat sur l’impact de notre mode de vie et des technologies sur l’environnement est un fait : Pénurie des terres rares,crises des déchets électroniques… Si nous maintenons ce rythme il nous faudra bientôt deux terres pour assouvir nos besoins, chose impossible car notre bonne vieille terre n’est pas extensible. Le développement durable tend depuis plusieurs dizaines d’années à résoudre cette équation. La green IT, depuis moins longtemps, se focalise sur l’impact des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Malgré de nombreuses solutions disponibles, le monde ne semble pas changer. Pourquoi autant de résistance au changement ? Pourquoi une telle lenteur alors qu’il ne nous reste plus qu’un génération pour relever des défis environnementaux qui pourraient mettre à genou l’humanité ?

Hacker nos modes de vie

Dans son livre "Des abeilles et des hommes, passerelles pour un monde libre et
durable" et ses recherches", Thanh Nghiem tente de répondre à cette contradiction. Selon lui  : "Le changement de paradigme proposé est autant économique que social. Nous ne parviendrons pas à vivre de manière durable par le seul truchement de technologies propres, de voitures électriques ou en fermant le robinet lorsque nous nous lavons les dents. Car ces solutions restent inscrites dans un modèle vertical où on fait moins mal la même chose. La clé réside dans un changement de paradigme dans lequel nous sortirons du rôle passif de consommateur pour devenir contributeur, amateur et artisan de nos modes de vie." 

La solution pour changer le paradigme ? Thanh estime que le libre et le collaboratif permettent de hacker les modes de vie. "Si le libre et durable ne pèsent pas plus de 5% de l’économie, l’enjeu est de hacker les 95% restants en appliquant les principes du libre à l’ensemble de nos modes de vie". Le terme de hacker est souvent déformé. En effet il ne s’agit pas uniquement des pirates informatiques nuisibles mais aussi des personnes qui tentent de prendre contrôle d’un objet en le "bidouillant". L’objectif des hackers de modes de vie est d’expérimenter des nouvelles approches, de modifier des objets de la vie courante…

De telles pratiques sont de plus en plus courantes. Voici un panorama du monde du hacking.

Libre, Hacking et Durable

Hacking Logiciel

Quand on pense hacking, on pense donc pirate nuisible. Mais l’exemple du développeur russe ayant conçu un logiciel permettant de ne plus jeter les cartouches montre ce que peut être le hacking durable.

Ce type de logiciel permet de limiter les impacts environnemenaux des matériels et des consommables. Il méritent à être connu, n’hésitez donc pas à nous faire partager vos liens !

Do It Yourself

Le DIY (Faite le vous-même) permet de fabriquer et réparer des objets existants. Remplacer son écran, Faire une Nintendo DS solaire… Des développeurs avertis mettent ainsi à la disposition du public des tutoriels permettent soit d’implémenter des fonctionnalités durables soit d’augmenter la durée de vie du matériel.

Le problème de cette mouvance est qu’il faut avoir quelques notions de bricolage et que cela n’est pas donné à tout le monde.

Espaces de hacking

De nombreux espaces collaboratifs apparaissent et ont pour objectif d’expérimenter des nouvelles pratiques : Hackspace, Fablab, ExplorCamps… Certains espaces ont permis de prouver des gains sur le gaspillages jusqu’à 10 fois.

Les espaces sont multiples, locaux et sous méconnus. Les domaines d’expérimentation sont variés mais ont tous en commun le souhait d’expérimentation sur de multiples domaines : électronique, web… Voici un site pour découvrir un espace proche de chez vous.

Au passage, les espaces de hacking seront des endroits où vous pourrez surement trouver quelqu’un pour vous aider dans votre DIY.

Allez découvrir le Fablab temporaire à la cité des sciences du 17 au 26 juin , vous découvrirez par vous même ce qu’est un fablab.

Open Source et Do it Yourself (OSDY)

Lorsque que l’on ajoute à ses espaces d’expérimentation les codes du libre et de l’open source ainsi que l’aspect collaboratif du 2.0, cela permet de rendre les expérimentations durables et partagées. Le passage à l’échelle de pratique comme les DIY est alors beaucoup plus simple.

Plusieurs exemples exigent dans des domaines variés. Par exemple,  pendant 10 jours, 15 bricoleurs se sont rassemblés à Nantes dans un Fablab pour fabriquer une machine à commande numérique. Le résultat : cette expérimentation est disponible pour tous pour réitérer l’opération ! (Source)

Territoires intelligents et communautés apprenantes (TICA)

Ces territoires et communautés sont le lien entre les domaines d’expérimentation et les politiques publiques. Ils sont des précurseurs car ils donnent aux expérimentations un aspect durable et viral. En étant à la croisé des chemins, ces territoires sont des espaces privilégiés pour le déploiement et la pollinisation des bonnes pratiques.

Ces espaces se nomment ruches, espaces de coworking, cantines numériques… Comme pour les fablab, je vous laisse découvrir par vous même…

Exemple d’espace : Cantine numérique rennaise,Cantine par Silicom Sentier

Ensuite ?

Les innovations sont crées par quelques transgresseurs qui sont ensuite suivis de 15% de early adopters. Les expérimentations basés sur le libre et le durable augmentent de plus en plus. Peut-être que la plus part de ces expérimentations ne passeront jamais dans les modes de vie prédominantes. Mais peut être qu’au contraire certaines pratiques permettront de hacker les 95% restants. Il est donc peut être interessant de surveiller ces expérimentations… et pourquoi pas d’y participer.

Source : "Des abeilles et des hommes, passerelles pour un monde libre et
durable", Thanh Nghiem, Editions Bayard septembre 2010, préface de
Nicolas Hulot

Source : Note de Thanh Nghiem

Olivier Philippot