Catégorie : Hébergeur

Greenwashing : GMX et B2D1 pris en flagrant délit

Dans le style greenwashing, GMX Caramail (Global Message eXchange) fait très fort. Ce service de messagerie en ligne propose à ses utilisateurs d’envoyer des « e-mails écologiques ».

Autant le dire tout de suite, cet oxymore n’a aucun sens d’un point de vue sémantique. L’écologie est en effet une méthode permettant d’étudier les relations entre les formes de vie, notamment des êtres humains avec leur milieu. J’ai du mal à imaginer un e-mail faire un tel travail d’analyse.

Passons sur cette aberration sémantique qui montre à quel point cette entreprise ne maîtrise pas le sujet… Un e-mail ne peut pas être « vert » ou « écologique ». L’écriture, l’envoi et la lecture d’un message électronique nécessite en effet de l’énergie, donc l’émissions de CO2 et / ou de déchets radioactifs (impact direct). Sans oublier les pollutions et l’énergie liées à la fabrication du matériel permettant d’écrire, lire et envoyer ces messages (impacts indirects).

Pour limiter l’impact environnemental de son service, GMX achète des certificats RECS, comme GreenIT.fr d’ailleurs. Ces certificats permettent de s’attribuer une part de la production d’électricité issue de source d’énergie primaire renouvelables / inépuisables. On neutralise ainsi l’impact direct. A condition de prendre en charge toute la dépense énergétique : écriture, envoi, et lecture sur l’ordinateur du destinataire.

Cela suffit-il à qualifier un e-mail d’écologique ? Absolument pas !

GMX n’est pas le seul hébergeur dans ce cas. L’agence d’e-mailing B2D1 lance la première offre d’e-mailing « Ecologique et Développement Durable » : l’Email Vert. L’entreprise va jusqu’à proposer un label « Email vert » en bas de chaque e-mail envoyé. La pastille cliquable renvoie vers le certificat RECS. Plus de détail en vidéo.

Un gros gâchis
Ces deux entreprises utilisent l’environnement et le développement durable comme un différenciateur marketing. Je ne doute pas qu’une partie de la démarche soit sincère. Mais GMX et B2D1 devraient apprendre la mesure et s’informer sur des sujets qu’elles ne maîtrisent pas.

Ce positionnement sera, à très court terme, contre-productif car assimilé comme il se doit à du greenwashing.

L’environnement et le développement durable sont des sujets trop importants pour communiquer dessus à la légère, sans connaître le sujet, et s’autoproclamer certificateur de campagne d’e-mailing « vertes » à l’aide d’un écolabel lui même unilatéralement autoproclamé.

Répétons-le une dernière fois : un e-mail ne peut pas être vert ou écologique. L’informatique et ses usages polluent. Tenter de limiter cet impact est une démarche positive. Mais, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin

Merci à Denis pour l’alerte.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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