Catégorie : Matériel

Déchets électroniques : vers un nouveau record mondial

Selon une étude menée par les Nations Unies (Global E-Waste Monitor 2014), en 2014, le monde a mis au rebut près de 42 milliards de kilos de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Cela représente en moyenne environ 6 kilos par être humain.

Seulement 15 % (6,5 millions de tonnes) a été collecté et retraité par les dispositifs nationaux officiels. Dit autrement, nous n’avons aucune idée où finissent 85 % des DEEE !

De nombreux problèmes de santé associés aux toxines contenues dans ces déchets
Les équipements informatiques et télécoms (catégories 3 et 4) – téléphones, ordinateur, imprimante, écrans, etc. – représentent 13 % du tonnage total contre 35 % pour le petit et gros électroménager et 10 % pour les équipements de chauffage et de climatisation. Les lampes ne représentent que 1 % du tonnage.

Les déchets de catégories 3 et 4 (informatique et télécoms) sont, de loin, les plus toxiques proportionnellement à leur poids. Ils représentent 2,2 millions de tonnes de verre au plomb (6 fois le poids de l’Empire State Building), 300 000 tonnes de batteries contenant du mercure, du cadmium, du chrome, etc. Ces substances toxiques entraînent des problèmes de santé tels qu’un retard du développement intellectuel, des cancers et différentes pathologies du foie et des reins.

USA, Chine et Europe du nord en tête des émetteurs
En valeur absolue, ce sont les Etats-Unis et la Chine qui émettent le plus de déchets. Ces deux pays totalisent à eux seuls près d’un tiers du tonnage. Cependant, rapporté à la population, ce sont la Norvège (28 kg / habitant), la Suisse (26,3 kg), l’Islande, le Danemark, et le Royaume-Uni qui émettent le plus de déchets. La France n’est pas loin du peloton de tête avec 22,1 kg de déchets d’équipements électriques et électroniques par habitant.

Les plus gros émetteurs produisent 130 fois plus de déchets par habitant que les pays les moins émetteurs. Parmi les premiers de la classe, on compte trois pays africains : le Libera, le Niger et la République Démocratique du Congo qui émettent moins de 0,5 kg par habitant et par an.

Répartition par continent (émission annuelle) :

  • Europe : 15,6 kg par habitant ;
  • Amérique (Nord et Sud) : 12, 2 kg par habitant ;
  • Asie : 3,7 kg par habitant ;
  • Afrique : 1,7 kg par habitant.

Valeur : environ 1 euros par kilo de déchet
La valeur totale des 42 milliards de kilos de déchets est estimée à 48 milliards d’euros, soit presque 1 euros par kilo de déchets. De quoi attirer les trafiquants.

Ce sont surtout les métaux précieux qui permettent de valoriser l’opération de collecte et de recyclage. Ainsi, les 42 millions de tonnes de déchets contiennent 16,5 millions de tonnes de fer, 1,9 millions de tonne de cuivre, 300 tonnes d’or (soit 11 % de la production mondiale en 2013) ainsi que de l’argent, de l’aluminium, du palladium et différents plastiques réutilisables.

Des durées d’utilisation trop courtes
Selon l’étude, l’augmentation continue de la quantité de déchets émis est directement liée au raccourcissement des durées de vie, notamment des équipements munis d’une batteries (dont les ordinateurs, tablettes, smartphones, etc.). Les auteurs regrettent que cette obsolescence accélérée ne soit pas assortie d’une plus grande prise en considération de la fin de vie. « Ces déchets constituent à la fois une énorme mine urbaine, c’est-à-dire un réservoir de matériaux précieux et / ou recyclables, mais aussi une source de substances toxiques dont les effets sont terrifiants » explique en substance David Malone, recteur de l’Université des Nations Unies et sous-secrétaire des Nations Unies.

Sauf à ce que nous décidions enfin d’utiliser plus longtemps nos équipements, le volume de déchets électriques et électroniques devrait encore croître de 21 % pour atteindre 50 millions de tonnes de DEEE en 2018.

Source : GreenIT.fr et United Nations University (UNU)

Illustration : © Shutterstock

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

Site web - Twitter - Facebook - Linked In