Catégorie : Etude

Numérique au bureau : 43 % de notre budget soutenable !

Exclusif. Alors que la France lance un grand plan de sobriété, le collectif Green IT et ses partenaires publient les résultats de leur 7ème campagne de mesure de la sobriété numérique au bureau. Cette étude, le Benchmark Green IT 2022, évalue les efforts qu’il reste à faire pour aboutir à une activité numérique soutenable.

Paris, le 22 septembre 2022. Pilotée par le collectif Green IT  et réalisée en collaboration avec le Club Green IT, Espelia et Resilio (EPFL, Suisse), le Benchmark Green IT aide les entreprises privées et publiques et les collectivités territoriales à évaluer leur niveau de sobriété numérique. Cette étude unique en Europe, quantifie les impacts environnementaux des systèmes d’informations des organisations participantes et identifie des solutions pour les rendre plus sobres.

43 % de notre budget soutenable dépensé dans le numérique au bureau

Les trois principaux impacts environnementaux et sanitaires du numérique en France sont l’épuisement des ressources abiotiques (52 %), les radiations ionisantes (28 %) et le réchauffement global (11 %) [1]. Pour évaluer les efforts de sobriété que les organisations françaises doivent faire au niveau de leur système d’information, le Benchmark Green IT quantifie ces impacts via les standards internationaux recommandés par la Commission européenne.

Les impacts associés à l’empreinte numérique d’un utilisateur sont conséquents à l’échelle d’une année d’activité :

  • Epuisement des ressources : 0,016 kg équivalent antimoine (SB), soit 81 tonnes de terre excavée (1 200 fois notre poids) ;
  • Radiations ionisantes : 612 kBq équivalent U235 ;
  • Réchauffement global : 426 kg équivalent CO2, soit 2 500 kms en voiture thermique ;
  • Consommation d’eau : 235 m3, soit 26 000 packs d’eau minérale.

A l’échelle d’une journée au bureau (220 jours par an) cela correspond, chaque jour et par personne, à :

  • 370 kg de terre excavée (5 fois notre poids) ;
  • 2 kg équivalent CO2, soit 11 kilomètres en voiture thermique ;
  • 1068 litres d’eau, soit 18 douches (60 litres).

Diviser par un facteur 4 à 10 le poids du système d’information pour être soutenable

Pour prendre la mesure de ce que ces chiffres signifient par rapport aux enjeux environnementaux, il faut les rapporter aux limites planétaires, c’est à dire aux quantités d’impacts environnementaux que chaque français peut « dépenser » pendant un an, sans déstabiliser les équilibres fondamentaux de la planète.

« 426 kg équivalent CO2 par an et par utilisateur, c’est 43 % du “budget annuel soutenable” d’un européen. C’est même 51 % pour l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables » met en perspectiveFrédéric Bordage, co-auteur de l’étude au sein du collectif Green IT. « Ces proportions nous indiquent que les entreprises privées et publiques doivent diviser par un facteur 4 à 10* les impacts de leur système d’information pour que leur activité soit soutenable » précise-t-il. * selon l’indicateur d’impact observé.

Trois sources principales d’impacts

L’environnement de travail des utilisateurs (ordinateur, écrans, etc.) et le service informatique (DSI) sont les deux principales sources d’impact du système d’information, suivies par les centres informatiques et le cloud.

Les impacts ont majoritairement lieu au niveau :

  • des utilisateurs : 54 % de l’épuisement des ressources abiotiques, 36 % des radiations ionisantes, 36 % du bilan eau et 25 % du réchauffement global ;
  • du service informatique : 32 % du réchauffement global et 36 % du bilan eau ;
  • des centres informatiques (et du cloud): 43 % des radiations ionisantes.

Vu sous l’angle des indicateurs environnementaux, les principaux contributeurs sont :

  • Epuisement des ressources : utilisateurs (54 %) et DSI (22 %).
  • Radiations ionisantes : centres informatiques et cloud (43 %) et utilisateurs (36 %) ;
  • Réchauffement global : DSI (32 %) et utilisateurs (25 %) ;
  • Consommation d’eau : utilisateurs (36 %) et DSI (36 %)

Deux étapes du cycle de vie contribuent majoritairement aux impacts : la fabrication des équipements et leur utilisation (et donc la production de l’électricité consommée par le système d’information). 

En croisant ces informations, on peut identifier des pistes d’action prioritaires pour les principaux domaines concernés :

  • La fabrication des équipements des utilisateurs contribue majoritairement à l’épuisement des ressources abiotiques. Il faut donc réduire le taux d’équipement et allonger leur durée de vie ;
  • La consommation d’électricité de l’infrastructure (centres informatiques, cloud et réseaux) représente 52 % de la dépense énergétique globale (en énergie primaire). Elle induit des impacts tels que les radiations ionisantes et l’épuisement des ressources fossiles. Il faut donc réduire la consommation électrique de l’infrastructure ;
  • La téléphonie et les impressions sont des domaines à faible impacts environnementaux (comparé aux autres domaines).

Trois axes d’amélioration notables

Au final, la compilation de tous les plans d’actions individuels des organisations qui ont participé à cette 7ème édition du Benchmark Green IT fait ressortir 3 actions prioritaires :

  1. Réduire le taux d’équipement par collaborateur et notamment éviter le 2ème écran, surtout s’il est de technologie LED/OLED ;
  2. Allonger la durée de vie de tous les équipements (sans oublier l’infrastructure) en systématisant le réemploi plutôt que le recyclage des équipements fonctionnels ;
  3. Réduire les kilomètres des collaborateurs DSI et prestataires en favorisant le télétravail et mettant en place un Plan de Mobilité (PDM).

« La plupart de ces bonnes pratiques sont simples, rapides, et peu coûteuses à mettre en œuvre » indique Anne Rabot, co-autrice de l’étude et Responsable des études chez Resilio. « Le réemploi permet par exemple de réduire jusqu’à 20 % le bilan gaz à effet de serre du système d’information » complète Léo Donse, l’expert d’Espelia qui a accompagné les collectivités territoriales.

Rapport détaillé du Benchmark Green IT 2022 ici :

http://club.greenit.fr/benchmark2022.html

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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