Catégorie : Acteurs

5 mai 2018 : jour du dépassement français

Jour du dépassement. Mine de rien, pendant que la France faisait le pont, nous avons atteint un point de non retour. « Si le monde entier vivait comme les Français, l’humanité commencerait à creuser son déficit écologique dès le 5 mai » s’alarme Pascal Canfin, Directeur général du WWF France. C’est le terrible constat que font le Global Footprint Network et le WWF France dans une étude parue récemment.

La date du jour du dépassement – ou overshoot day en anglais – est calculée en rapportant notre empreinte écologique à la capacité de notre écosystème (biocapacité) à nous fournir les services que nous lui demandons.

On compare notre consommation de ressources (matières premières, terres arables, etc.) et de services fournis par la nature (fixer les molécules de carbone du CO2 pour libérer l’O2 que nous respirons, produire du vent, stocker l’eau dans des aquifères, etc.) avec sa capacité à nous les fournir en quantité et au rythme que nous lui imposons.

Le constat est clair : si la planète était une entreprise, elle serait en faillite.

Deux générations ont creusé le déficit

D’une certaine façon, nous allons devoir vivre le reste de l’année « en apnée » car nous avons déjà consommé tout l’oxygène, les matières premières, l’eau potable disponibles d’ici la fin de l’année. Or, dès que nous surconsommons les capacités de notre écosystème – ce que nous faisons depuis samedi 5 mai – nous contribuons à le déséquilibrer d’avantage.

Le constat du WWF et du Global Footprint Network est alarmant car l’humanité était à peu près à l’équilibre il y a 50 ans. Au début des années 60, la capacité de la terre était même supérieure à la demande de l’humanité. C’est en 1971 que la tendance c’est inversée (24 décembre en 1971). Il n’a donc fallu que deux générations pour creuser le déficit actuel. Deux générations qui correspondent à la mondialisation, c’est à dire à l’adoption du mode de vie occidental dans les pays émergents.

Paradoxalement, la situation se détériore depuis 2015, année de la COP21 en France. Entre les beaux discours sur la transition écologique et la réalité, il y a donc un fossé… qui se creuse année après année. Depuis 1961, nous avons ainsi accumulé 33 ans de dette écologique ! Et l’écart s’accélère inexorablement. A l’échelle de la planète, l’empreinte par être humain a augmenté de 50 % depuis 2008.

Un mode de vie inadapté

Au final c’est bien notre mode de vie qui est inadapté à notre écosystème et qu’il convient donc de changer pour offrir à nos enfants un monde en meilleur état.

Deux tiers de l’empreinte écologique d’un.e français.e proviennent de son alimentation, de ses dépenses en énergie pour son logement et de ses déplacements. Le tiers restant est lié aux services et à la consommation de biens manufacturés, parmi lesquels les équipements électroniques et le numérique figurent en bonne place.

Malgré ce triste constat, la situation est encore pire dans certains pays comme la Suède (3,75 planètes), l’Australie (4 planètes), les Etats-Unis (5 planètes), ou les Emirats Arabes Unis (22 planètes).

Overshoot day 2018 - indice de développement- monde

 

Notre empreinte numérique

Empreinte écologique - part des téléphones et ordinateurs

Empreinte écologique – part des téléphones et ordinateurs

Si on cumule nos activités en tant qu’internaute et en tant que salarié, notre empreinte numérique annuelle (en cycle de vie complet) est de l’ordre 1 tonne de gaz à effet de serre, 4 MWh d’énergie primaire et 25 000 litres d’eau*.

Nos usages numériques pèsent donc lourd dans les 33% de notre empreinte environnementale non contrainte. Fabriquer 24 ordinateurs nécessite autant d’espace (hectares globaux) que pour la survie d’un être humain ! Le schéma ci-contre montre la part du numérique (uniquement 1 ordinateur et 1 smartphone pris en compte) à l’échelle de l’empreinte d’un être humain.

 

 

 

 

* bleue et verte, 8 000 litres si uniquement eau bleue.

Source : rapport L’autre déficit de la France, WWF France, mai 2018 et études GreenIT.fr 2014, 2015, et 2017

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

Site web - Twitter - Facebook - Linked In