Catégorie : Bonnes Pratiques

ITIL est-elle green ?

Né dans les années 80 en Angleterre , suite à un audit des administrations sous le gouvernement Thatcher, ITIL est un référentiel de bonnes pratiques qui permettent d’optimiser la gestion des services informatiques, de leur conception à leur fin de vie. Cette démarche de collecte de bonnes pratiques a été initié, pour apporter une visibilité sur les coûts et créer un vocabulaire commun, partagé entre tous les responsables IT.

Le cœur d’ITIL est un ensemble de processus, répartis en 5 phases décrivant le cycle de vie des services :

  • La stratégie des services ( 5 Processus)
  • La conception des services (8 Processus)
  • La transition des services (7 Processus)
  • L’exploitation des services (5 Processus)
  • L’amélioration continue des services (1 Processus)

Au premier abord, ITIL semble complètement déconnectée des préoccupations écologiques et sociales puisqu’il s’agit surtout de faire des économies, et de rendre le système d’information plus efficace. Cependant, à y regarder de plus près, les processus clés d’ITIL sont tous potentiellement porteur d’une capacité à réduire les impacts environnementaux des TIC. Dans ce premier article, nous vous proposons d’étudier en détail la première des 5 phases d’ITIL : la stratégie des services.

Stratégie des services : une sobriété gage de réduction d‘ impacts environnementaux
La stratégie des services décrit les processus de gouvernance qui permettent d’optimiser le catalogue de services et leur valeur apportée au business. Au sens ITIL, la valeur d’un service est la somme de son utilité (à quoi ça sert ?) et de la garantie (comment ça marche ? Est-ce fiable ?). Autrement dit, un bon service informatique n’est pas le service le plus performant ou le plus avancé technologiquement, c’est avant tout un service qui réponds aux attentes du « client ». ITIL prône donc une forme de sobriété très proche de celle que nous préconisons avec une approche green IT et / ou d’écoconception logicielle.

Les exemples ne manquent pas :

  • Le fameux système AS400 encore utilisé dans de nombreuses entreprises. Il fait sourire avec ses interfaces en mode texte, mais ils fournit l’information demandée en un temps record.
  • Microsoft a gagné la bataille des systèmes d’exploitation avec Windows face à de nombreux systèmes bien plus performants, en partie grâce à sa simplicité d’utilisation.

Et le Green IT dans tout ça ?
Optimiser « l’utilité » permet d’avoir un service qui n’en fait pas trop : pas la peine de stocker 10 ans de données quand 3 années sont plus que suffisantes. Cette frugalité réduit mécaniquement les infrastructures nécessaires, et donc, dans des proportions identiques, les impacts environnementaux associés.

Optimiser « la garantie » permet d’optimiser l’infrastructure et son utilisation : Pas besoin de cluster, de maintenance H+4, 24h/24 et 7J/7 pour un système non critique utilisé seulement pendant la semaine. En d’autres mots, ITIL propose d’éviter le phénomène de sur-qualité qui se traduit par un surcoût et des impacts environnementaux très importants.

Etudions maintenant en détail les 3 processus principaux qui constituent la « stratégie de services » :

  • La gestion du portefeuille de service n’est pas souvent implémenté, mais il est primordial pour bien maîtriser le nombre et l’efficacité des services. Il définit l’état d’un service dans son cycle de vie et a aussi pour but d’évaluer régulièrement la valeur apportée par les services, pour apporter / ajouter de nouveaux services utiles, modifier des services plus adaptés voir supprimer des services sans « valeur ». Gérer son portefeuille permet donc de réévaluer et remettre en cause les services, pour éviter de se retrouver avec des services non utilisés comme les connections par modem ou fusionner des services proches comme le fax avec l’impression ou le fax to mail. Un « ménage » et une rationalisation qui ne peuvent que contribuer à réduire les impacts environnementaux du système d’information ;
  • La gestion de la demande s’attache à comprendre et à maitriser les besoins des clients. Une bonne connaissance de ces besoins permet de dimensionner l’application et l’infrastructure au plus juste. Lors de la définition des besoins, il est aussi recommandé de réduire les exigences des l’utilisateurs qui peuvent en demander plus que nécessaire ;
  • La gestion financière décrit entre autres la refacturation en interne des services. C’est une bonne stratégie pour limiter la consommation à ce qui est nécessaire, en supprimant la gratuité « apparente » des services. Elle s’applique autant aux ressources informatiques (stockage, traitement, bande passante, etc.) qu’aux impressions et même à la vitesse de renouvellement des équipements.

Cette première analyse montre clairement qu’ITIL peut être utilisée pour atteindre une meilleure performance environnementale et sociale au niveau du système d’information. Cette méthodologie n’est certes pas suffisante, et elle devra être complétée par les méthodologies, référentiels et autres spécificités du green IT, mais elle permet de mettre le pied à l’étrier sans forcément parler de green IT ou d’environnement, des termes qui peuvent encore, malheureusement, être handicapant.

Dans un prochain article, nous continuerons notre analyses des autres processus ITIL et de leur affinité avec une démarche green IT.

Freddy Vettelé