Catégorie : IA

IA – Ses véritables impacts, en pleine augmentation

87 %. C’est l’augmentation des émissions de NVIDIA (le plus grand fabricant mondial de GPU, processeurs graphiques pour l’IA) en 2024. Un fait qu’ils cachent bien : cet article de TruthDig est l’une des seules sources au monde à le souligner.

Cela signifie que NVIDIA est devenue l’entreprise la plus valorisée au monde (5 000 milliards de dollars) en répondant à la demande croissante en matière d’IA… tout en doublant son empreinte carbone.

Sans parler d’eau : le prochain ‘méga-cluster’ d’usines de GPU de Samsung consommera la moitié de l’eau de Séoul, selon le même article de TruthDig.

L’énergie, et les émissions associées, sont souvent citées comme les principaux impacts de la technologie, car elles sont les plus faciles à comprendre.

Cependant, elles ne représentent que 30 % de l’impact total, comme le confirme le dernier rapport sur l’IA de GreenIT.fr. Si l’on considère les impacts environnementaux globaux de l’IA – 16 critères connus sous le nom de PEF, qui incluent non seulement les GES, mais aussi la consommation d’eau, la pollution de l’air et des sols, etc. – ceux-ci devraient être multipliés par sept d’ici la fin de la décennie.

C’est précisément pour cette raison que nous avons conçu la journée de formation “IA Frugale” : parce que les véritables impacts de l’IA générative (ChatGPT & co) sont soit largement méconnus, soit sérieusement mal compris.

Principalement parce que les entreprises à l’origine de la vague de l’IA actuelle font tout leur possible pour minimiser ces impacts. Par exemple, en affirmant qu’un prompt ne consomme qu’une infime quantité d’énergie et d’eau. Sauf que, si l’on multiplie ces infimes quantités par les 2,5 milliards de prompts que reçoit ChatGPT par jour, on obtient des sommes conséquentes.

Ainsi, toute affirmation concernant la “consommation par utilisateur” ou l’“intensité” doit être prise avec autant de pincettes que l’affirmation fallacieuse de Ryanair il y a quelques années. La compagnie aérienne irlandaise prétendait être la plus écologique au monde parce qu’elle avait les émissions les plus faibles par passager ; or cette affirmation ne concernait pas ses émissions au total (oui, Ryanair a été condamnée pour cela. OpenAI ou Google ? Pas encore…).

Alors, que savons-nous avec certitude des impacts environnementaux de l’IA ?

La réponse la plus simple : pas grand-chose. Surtout lorsque Google prétend être ultra-transparent avec un livre blanc apparemment scientifique, qui ne dit rien de plus que ce qu’a déclaré Sam Altman, CEO d’OpenAI, en somme : “Les impacts sont insignifiants ! Passons au prochain sujet…”

Notre premier conseil : toujours éviter de se laisser berner par des statistiques basés sur l’intensité, telles que “une requête ChatGPT = dix recherches Google”. Non seulement ce chiffre en particulier se base-t-il sur des faits erronés, mais il dépend de trop de variables (par exemple, l’endroit où le calcul a été effectué) pour être précis.

Tenez-vous en aux faits indéniables. À savoir :

  • Les GPU consomment au moins 4 fois plus d’électricité que les CPU comparables, et potentiellement jusqu’à 6 fois plus (source). Et comme il semble impossible de faire fonctionner l’IA générative sans eux (ce qui est faux ; les CPU peuvent faire de l’inférence) et que plus le modèle est grand, plus il serait intelligent (ce qui est également faux), ce facteur ne va qu’empirer.
  • La consommation d’électricité des centres de données va tripler aux États-Unis d’ici 2028, tripler en Europe d’ici 2030, quadrupler au Royaume-Uni d’ici la même année et presque quadrupler en France d’ici 2035, à cause de l’IA (source, y compris le graphique ci-dessus ; source et source)
  • La consommation d’eau des centres de données aux États-Unis pourrait quadrupler d’ici 2028 (source), sans compter l’eau nécessaire à la fabrication des GPU (cf. ci-dessus)
  • Déchets électroniques : nous prévoyons 5 millions de tonnes supplémentaires en raison de l’IA, en plus des 60 millions déjà produits dans le monde. Il s’agit du type de déchets qui connaît la croissance la plus rapide au monde ; la situation ne fera qu’empirer, car le matériel informatique dédié à l’IA « doit » être remplacé tous les deux ans ; et seuls 22 % des déchets électroniques sont actuellement recyclés (source et source)
  • Impacts locaux : Elon Musk était si pressé de construire le plus grand supercomputer IA au monde (Colossus de xAI, 100 000 GPU) qu’au lieu d’attendre un an ou deux pour être raccordé au réseau électrique local, il a branché 33 générateurs électriques à base de méthane sur son centre de données de Memphis (dont seulement 15 n’étaient autorisés). Résultat : l’installation a été construite en quelques mois seulement. Malheureusement, ces générateurs auraient entraîné une augmentation de 79 % de la pollution par protoxyde d’azote au cours de la première année, et ce dans un quartier défavorisé, où le taux de cancer était déjà quatre fois plus élevé que dans le reste des États-Unis (source)
  • Les combustibles fossiles : vous pensiez qu’ils appartenaient au passé ? Détrompez-vous. Quelle source d’énergie pourrait répondre suffisamment rapidement au pic de demande illustré dans le graphique ci-dessus ? Pas le nucléaire, car il faut au moins dix ans pour construire un réacteur. Ainsi, le prochain centre de données de Meta, sa plus grande à date – de la taille de Manhattan – sera alimenté au gaz. Et un tiers des centrales à charbon des États-Unis resteront ouvertes, ‘grâce’ à Trump (source). En somme : l’IA ralentit la transition énergétique
  • GAFAM, sur la mauvaise voie : depuis qu’ils ont commencé à investir des centaines de milliards dans l’IA, les émissions de Microsoft ont augmenté de 29 %, celles de Google de 48 % et celles d’Amazon de 6 % l’année dernière (bien que son personnel affirme que ce chiffre est plus proche de 35 % au cours des dernières années). Et ce, malgré toutes leurs promesses d’atteindre la neutralité carbone, voire un bilan carbone négatif, d’ici 2030 ou 2040. Les géants de la technologie commencent d’ailleurs à s’éloigner de ces promesses – cf. Microsoft et Google.

Pourquoi est-ce si important de maîtriser l’empreinte de l’IA ?

Bien sûr, le fait que ChatGPT consomme autant de ressources n’est pas la faute de ses utilisateurs. Notre objectif n’est pas de faire culpabiliser, même s’il existe des alternatives IA beaucoup plus économes (nous y reviendrons bientôt). Mais il est important de comprendre où tout cela pourrait nous mener.

Comme le souligne à juste titre The Shift Project, étant donné que 20 % de la consommation énergétique du secteur industriel pourrait bientôt être consacrée aux centres de données, en raison de l’IA, certains arbitrages devront être faits, tant par le secteur privé que par le secteur public. Cette énergie ne serait-elle pas mieux utilisée pour alimenter des voitures électriques, par exemple ? 

C’est en substance la décision qui a été prise par les autorités locales en Irlande, qui avaient auparavant autorisé la construction de tellement de centres de données que ces derniers  ont fini par consommer 20 % de l’électricité de la région de Dublin. Leur arbitrage ? Aucune construction de centres de données entre 2022 et 2028.

Des décisions similaires devront être prises concernant l’eau, une ressource considérablement plus limitée que l’électricité (c’est-à-dire qu’il est beaucoup plus difficile d’en produire davantage). Pensez à : 

L’augmentation des prix de l’électricité devrait également impacter les populations locales : dans l’État américain du Maine, par exemple, ces derniers ont augmenté de 36 % en mai 2025. Pourquoi ? Parce que le réseau vieillissant a dû être modernisé pour répondre à la soif considérable d’énergie de l’IA.

En somme, attendez-vous à ce que de plus en plus de situations comme celles-ci se produisent à mesure que le boom de la construction de centres de données IA se poursuit (100 nouveaux sont prévus rien qu’au Royaume Uni d’ici 2030, par exemple. Auront-ils suffisamment de ressources pour fonctionner normalement ? Rien n’est moins sûr…).

En effet, on commence à constater que des GPU restent inutilisés, faute d’électricité suffisante. Le patron de Microsoft, Satya Nadella, l’a pratiquement admis récemment. Et Bloomberg a récemment rapporté (via Tom’s Hardware) que la société de centres de données Digital Realty dispose actuellement de deux centres de données en Californie, représentant une capacité combinée de 100 MW, qui sont inutilisés en attendant un approvisionnement en électricité. La localité n’est tout simplement pas en mesure de fournir les énormes quantités d’énergie dont ils ont besoin. Cette situation pourrait persister pendant des années, selon le rapport…

L’énergie commence-t-elle déjà à s’épuiser ? Les grandes entreprises technologiques ont-elles déjà sur-provisionné la demande pour l’IA à ce point ?

Se former à l’IA frugale pour agir vite et efficacement

Pour connaître la suite, vous pouvez :

  • Attendre le prochain article de cette série
  • Vous inscrire à une prochaine édition de la formation “IA Frugale”. A la clé : tout ce qu’il faut pour amener votre entreprise vers une IA moins impactante…

James