Catégorie : Acteurs

Zéro prospectus : la contre-attaque greenwashing des imprimeurs

Nous annoncions dans un précédent article la démarche zéro prospectus de E.Leclerc. C’est avec surprise que j’ai reçu un prospectus titré "Pour en finir avec les idées reçues / Comment vivrait-on dans un monde sans amour et zéro papier ? / J’aime mon prospectus". Les 4 feuilles parmi les 800g de prospectus divers, ont attirés mon attention.

Dans ce dépliant, plusieurs messages qui nécessitent plusieurs précisions et qui sentent bon le greenwashing :

"Le papier est un des rares produits à la fois : Naturel, renouvelable, recyclable, non toxique et biodégradable".
FAUX. La production du papier est extrêmement polluante et nécessite une très grande quantité d’eau douce. Le papier n’est pas naturel puisqu’on le fabrique (le papier ne pousse pas sur les arbres). Il n’est pas renouvelable puisqu’il n’est pas naturel. Il est effectivement recyclable. Si certains papiers sont biodégradable et non toxique (papier ne contenant pas de chlore par exemple), quid des encres, du glaçage et de tout le processus d’impression du prospectus ?

"Pour faire ce prospectus en 13 millions d’exemplaires, combien d’arbres aura-t’il fallu abattre ? 0"
FAUX. Nous ne pouvons pas vérifier que le prospectus a été imprimé sur un papier recyclé car il ne mentionne aucun label tels que APUR ou NAPM assortis d’un taux d’utilisation de papier recyclé. Le seul visuel est un ruban Moebius… C’est donc une affirmation gratuite et mensongère. Et ce d’autant plus que même si le prospectus était imprimé sur du papier recyclé, il a bien fallu abattre un arbre un jour pour fabriquer le papier recyclé…

"Le papier aide à séquestrer le carbone? Oui"
FAUX. C’est un mensonge grossier. Au contraire, le papier libère du CO2 puisqu’on coupe des arbres pour le fabriquer. Seuls les arbres (et non le papier) permettent de séquestrer le carbone. Si l’on coupe un arbre de 40 ans pour fabriquer du papier, il faut absolument que le même arbre soit replanté pendant un minimum de 40 ans pour que cette opération soit “neutre” carbone. Cette affirmation ne doit pas cacher l’impact très négatif de la fabrication du papier sur l’environnement. Par ailleurs, si le papier utilisé pour ce prospectus était issu de forêts gérées durablement, il porterait l’éco-label FSC ou PEFC.

"Combien les papiers recyclés représentent-ils ? 42%"
FAUX. Comme le rappelle l’étude PAP50, “En 2009, les entreprises impriment toujours 90% de leurs documents de communication sur des papiers issus de fibres vierges (…) on ne retrouve que 13% de fibres recyclées dans le secteur du papier graphique.”

Je ne suis pas un expert du papier. Mais il est clair que cette campagne n’est pas objective. Ce n’est pas parce que le débat dématérialisation / papier est complexe – nous le traitons régulièrement (Vaut-il mieux dématérialiser ou imprimer ? par exemple) – qu’il faut le caricaturer.

L’utilisation d’analyses du cycle de vie et une bonne connaissance du greenswashing (Les 7 péchés du Greenwashing) sont nécessaires pour bien cerner la problématique. La guerre sur la dématérialisation est un vaste sujet qui méritera de nombreux articles sur greenit.fr en 2011 !

Site de la campagne : www.monprospectus.com

Olivier Philippot