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Des ONG chinoises dénoncent la supply chain polluante de 29 géants des TIC

Vodafone, British Telecom et 27 autres acteurs majeurs des nouvelles technologies doivent être plus vigilants aux potentiels effets polluants et dangereux de leurs activités de fabrication en Chine, selon une récente enquête sur l’empoisonnement aux métaux lourds dans les chaînes d’approvisionnement des acteurs majeurs des TIC.

L’enquête, menée par une coalition de 34 ONG environnementales chinoises, a établi un lien entre certains cas de contamination au plomb et au cadmium, et la production de composants pour batteries de téléphones portables et de circuits intégrés pour des entreprises étrangères.

Leurs découvertes suggèrent que les promesses des grandes sociétés concernant la transparence, la responsabilité et la « propreté » de leur production, peuvent être noyées à l’étranger dans une myriade complexe de chaînes d’approvisionnement.

Un taux dangereux de plomb dans le sang a été détecté depuis l’année dernière chez plus de 4000 personnes, principalement des enfants ; le nombre de cas d’empoisonnement aux métaux lourds est croissant dans plusieurs provinces chinoises.

Plusieurs de ces cas ont déjà été largement signalés mais jusqu’alors, l’attention a été portée sur les usines chinoises impliquées et la négligence des autorités environnementales. Le nouveau rapport met en lumière la responsabilité des multinationales jusqu’à ce niveau de leurs chaînes d’approvisionnement, afin qu’elles fournissent plus d’informations au public et pour s’assurer que ces fabrications low-cost ne sont pas faites au détriment de la santé des populations locales.

À partir de certaines usines chinoises responsables de pollutions aquatiques, les enquêteurs sont parvenus à remonter la chaîne jusqu’à Vodafone, British Telecom et d’autres acteurs majeurs des télécoms.

Les ONG chinoises ont contacté ces sociétés – parfois restées muettes – pour leur demander des explications, et les ont exhorté à adopter un comportement plus responsable face au public.

« Si une marque se prétend respectueuse de l’environnement et en faveur du développement durable, elle devrait être soucieuse de savoir si sa supply chain enfreint les règlementations environnementales. La moindre des choses est de répondre à nos demandes d’information », déclare Zhang Boju, de Friends of Nature.

Vodafone et British Telecom ont chacune répondu à The Guardian en affirmant posséder une politique rigoureuse d’achats responsables. En outre, Vodafone a déclaré avoir mis à jour sa charte d’achats éthiques et être en train de publier un ensemble de principes environnementaux pour les fournisseurs de téléphones portables, incluant une clause de réduction des impacts environnementaux et des matériaux dangereux dans les batteries.

Les auteurs du rapport ont exprimé leur déception face à l’absence de réponse directe des deux firmes britanniques et ont mis en garde contre leur complaisance, particulièrement de la part de Vodafone.

« Leur annonce suggère que tout est en ordre. Comment peuvent-ils dire cela après un cas si sérieux dans leur chaine d’approvisionnement ? », s’interroge Ma Jun, fondateur de l’Institute of Public and Environmental Affairs et figure clé du rapport des ONG. « Ils n’ont montré aucun signe de compassion ou de regrets que la marchandise qu’ils ont achetée a été fabriquée par une usine qui a contribué à de tels dégâts pour la santé des communautés locales. »
Il déplore que l’entreprise ne change simplement pas de sous-traitant après avoir découvert ce dernier était responsable d’un problème environnemental.

« J’espère que les compagnies britanniques comme Vodafone et BT, connues pour leur engagement en matière d’environnement, pourraient prendre l’initiative d’une démarche mondiale pour rendre plus "green" les chaînes de fabrication et d’approvisionnement. C’est non seulement essentiel pour respecter leurs propres engagements environnementaux, mais cela serait aussi la plus grande contribution qu’ils pourraient faire aux efforts de contrôle de la pollution en Chine et dans d’autres pays en voie de développement. »

Source : The Guardian
Le rapport d’enquête (en chinois)

Nicolas Brunet

Diplômé de l’ENSEIRB, Nicolas s’est impliqué dans le REFEDD pendant ses études. Il a été hui consultant en management chez SterWen Consulting, où il a contribué au développement de l’offre Green IT, domaine à la croisée entre sa formation d’ingénieur en informatique et sa sensibilité pour le développement durable. Il s’intéresse plus particulièrement au pilotage de programme Green IT au sein des organisations, notamment via les modèles de maturité et méthodologies en la matière.