Catégorie : Matériel

RFID et environnement : lorsque les tags se compteront par milliards

En mars dernier, l’Observatoire pour l’innovation responsable et un groupe de travail pluridisciplinaire constitué sous son égide organisaient à Télécom ParisTech la première conférence-débat transversale sur la technologie RFID (Identification par radiofréquences), ses impacts sociétaux potentiels, et les mesures à mettre en œuvre pour que cette technologie prometteuse, qui s’ouvre aujourd’hui aux usages grand public, puisse se déployer de manière responsable sans porter atteinte aux libertés de la personne, à la santé publique, ou à l’environnement.

Nous vous proposons ici une synthèse de la table ronde RFID et Environnement : animée par Cécile Michaut (journaliste freelance), avec la participation d’Alain Anglade (ingénieur expert, ADEME), Laura Draetta (enseignant-chercheur en sociologie à Télécom ParisTech), Nathalie Mitton (chercheur en informatique à l’INRIA), Dominique Paret (consultant RFID), Etienne Perret (enseignant-chercheur en électronique à l’Institut Polytechnique de Grenoble), Alfred Rosales (directeur général de FEDEREC).

Dédiée aux impacts des RFID sur l’environnement, cette table ronde s’est focalisée sur l’ensemble des mesures destinées à réduire la pollution de l’environnement par des déchets électroniques potentiels et à viser leur recyclage.

Tri : impossible pour les particuliers
Certes, les étiquettes RFID sont-elles de petite taille, mais à terme elles seront aussi beaucoup plus nombreuses et intégrées à l’ensemble des objets de la vie quotidienne. Faudra-t-il, en fin de vie de ces derniers, les séparer du tag RFID pour maintenir leur possibilité de recyclage et pouvoir recycler également les tags usagés ? Dans ce cas, à quel stade de l’élimination du déchet faudra-t-il effectuer cette séparation ?

L’enjeu est de taille car le cabinet d’analyse IDTechEx annonce 50 milliards d’objets connectés d’ici à la fin de la décennie à l’échelle planétaire. Par ailleurs, et c’est peut être l’enjeux le plus important, le consommateur devra probablement intégrer de nouvelles pratiques de tri dans sa gestion des déchets. « Mission impossible », répond l’industrie de la RFID (représentée par D. Paret), du fait du caractère quasi-invisible de l’objet technologique.

Le recyclage est possible
La FEDEREC, Fédération des entreprises du recyclage, nous rassure : une bonne partie des opérations pourra être réalisée en aval, directement par les professionnels du recyclage. Son directeur général, A. Rosales, estime que les membres de la fédération ont toutes les capacités nécessaires pour isoler, par exemple, les minuscules étiquettes électroniques des tissus auxquels elles seront de plus en plus intégrées, et cela à des conditions économiques acceptables.

Les aspects positifs de la diffusion de la RFID ont également été soulignés, qu’il s’agisse de son application dans le domaine de la gestion des déchets (ex. des DEEE et des DASRI, L. Draetta), de la dématérialisation par le remplacement du papier (ex. des titres de transport, N. Mitton) ou de son inscription dans la question plus générale des coûts énergétiques du numérique : les systèmes RFID seraient susceptibles de participer à des accès différenciés à l’information, et par conséquence, à sa décentralisation et sa durabilité (A. Anglade).

Par ailleurs, la recherche continue pour supprimer les antennes métalliques utilisées aujourd’hui par les étiquettes, ces antennes constituant la principale source de pollution potentielle et faisant appel, pour leur production, à des ressources naturelles aux stocks limités (N. Mitton).

D’autres investigations sont aussi menées pour supprimer la puce elle-même en la remplaçant par un dessin porteur de sens inscrit sur un matériau conducteur simple (E. Perret). Ces recherches, et à plus long terme celles qui visent à remplacer les supports actuels par des matériaux biodégradables ou à les rendre éventuellement « consignables », doivent évidemment être encouragées, tant leur impact écologique mais aussi économique sera vraisemblablement important.

Le mois prochain (juillet) nous vous proposerons une synthèse des débats et des pistes pour un meilleur respect de la santé des êtres humains.

Source : compte rendu de L. Draetta, F. Musiani, et D. Tessier, http://www.debatinginnovation.org/

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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