Catégorie : Labels

Les labels durables plébiscités par les français

Les citoyens européens condamnent les pratiques qui accélèrent l’obsolescence des biens matériels. 91 % des français estiment par exemple que les producteurs ont une responsabilité majeure par rapport à la durée de vie des produits. Pour lutter contre le phénomène d’obsolescence programmée, les citoyens préconisent d’identifier les produits les plus durables.

Mais cette démarche fonctionne-t-elle ? C’est ce que laisse penser la progression des ventes de produits labellisés « durables » qui a fait un bon spectaculaire depuis un an : +128 % pour les valises, +70 % pour les imprimantes, et +41 % pour les smartphones par exemple.

Pour en avoir le cœur net, le Comité Economique et Social Européen (CESE) a conduit une étude auprès de 3 000 personnes en Belgique, en République tchèque, en France, en Espagne et aux Pays-Bas sur “les effets de l’affichage de la durée d’utilisation des produits sur les consommateurs”. Cette étude testait des étiquettes (voir plus bas) identifiant clairement les produits plus durables.

« Ce que montre de manière indiscutable cette première étude européenne, c’est que le problème de l’obsolescence programmée ne résulte pas tant d’une programmation calculée de l’obsolescence, mais plutôt d’un manque d’information du consommateur sur la durée de vie des produits. Replacer le consommateur au centre du dispositif en améliorant l’information sur les produits qu’il achète est une exigence économique, sociale et environnementale; c’est aussi un levier majeur pour une confiance retrouvée des entreprises», déclare Thierry Libaert, rapporteur de l’avis du CESE.

Prêt à payer plus cher pour un produit plus résistant

L’étude établit un lien manifeste entre l’affichage de la durée de vie des produits et le comportement des consommateurs. Et ce lien est d’autant plus fort que le prix du produit est élevé. Ainsi, 90% des participants sont prêts à payer plus cher pour acquérir un lave-vaisselle avec une durée de vie supérieure de deux ans. En moyenne, ils déclarent être disposés à payer 102 euros de plus pour cette garantie sur un lave-vaisselle dont le prix d’achat se situerait entre 300 et 500 euros.

Les français plus sensibles que leurs voisins

Les français sont plus sensibles aux informations relatives à la durabilité des produits (augmentation de 118 % des chiffres de vente pour les produits fournissant ces données), que les belges et néerlandais (+ 45 %), tchèques (+ 39 %) et espagnols (+ 32 %).

La plupart des équipements sensibles, sauf la télévision

L’étude note des effets significatifs sur les décisions d’achat concernant huit types d’équipement : valise, imprimante, pantalon, chaussures de sport, cafetière, lave-linge, aspirateur, smartphone. Seules les simulations d’achat de téléviseurs n’ont pas été significativement affectées par l’affichage environnemental.

L’imprimante est un objet technologique, un « système expert » (qui fonctionne grâce à un procédé dont l’utilisateur ne maîtrise pas les caractéristiques) qui est présent aujourd’hui dans la plupart des foyers. Dans les représentations collectives, elle est associée à une durée de vie limitée dans le temps. Cette croyance peut avoir contribué à la force de l’effet de l’affichage. L’affichage a eu un effet auprès des échantillons de trois territoires parmi les quatre étudiés.

Le smartphone est le type de produit sur lequel l’influence a été la moins forte. On observe une augmentation des ventes virtuelles auprès des échantillons français et espagnols mais pas auprès des échantillons du Benelux et de la République Tchèque. Cette moindre influence peut être due aux évolutions technologiques rapides et au caractère nomade de l’objet : quelle que soit sa qualité, une chute trop importante peut l’endommager irrémédiablement.

Certains étiquetages plus efficace que d’autres

Parmi les 4 étiquettes testées, les deux plus efficaces sont celles qui indiquent clairement la durée de vie de l’équipement (à gauche, label « DVA » dans l’étude) ou qui reprennent un code graphique déjà connu (étiquette énergétique de droite, label « AG » dans l’étude).L’étude indique que l’étiquette qui ressemble à une performance énergétique est la efficace en termes d’accroissement des ventes (+84 %). Cependant, il y a fort à parier que les personnes sondées ont réellement cru avoir affaire à une étiquette énergétique. L’étiquette de gauche semble donc la plus efficace pour délivrer une information fiable et bien comprise.

4 exemples d'affichage environnemental

Quelles évolutions pour avancer ?

Le CESE estime que deux mesures permettraient d’allonger notablement la durée de vie des produits :

  • l’affichage obligatoire de la durée de vie du produit ;
  • imposer aux fabricants la prise en charge des coûts de recyclage des produits dont la durée de vie est inférieure à cinq ans.

La deuxième s’applique déjà aux équipements électriques et électroniques professionnels (EEE catégorie 3).

Le CESE appelle également la Commission européenne à élaborer une législation européenne sur l’obsolescence programmée, propose que l’industrie instaure des dispositifs de certification volontaire et encourage les citoyens à se mobiliser et à agir pour amener un changement des mentalités.

Pour rappel, des mesures similaires ont été proposées dans le cadre de la loi Consommation, mais elles n’ont pas été retenues…

Source : GreenIT.fr et http://www.eesc.europa.eu/?i=portal.fr.press-releases.38847, http://www.eesc.europa.eu/resources/docs/16_123_duree-dutilisation-des-produits_complet_fr.pdf

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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