Catégorie : Acteurs

Les Rolex Awards 2012 consacrent l’IT for Good

Depuis 1976, les Rolex Awards récompensent des femmes et des hommes dont les actions font avancer le monde. Ce Prix a été créé par Rolex pour encourager l’esprit d’entreprise et accroître les connaissances et le bien-être de l’humanité. Il soutient des projets novateurs dans cinq domaines : sciences et santé, techniques appliquées, exploration et découvertes, environnement et patrimoine culturel.

Fin 2012, la société horlogère a présenté les 5 lauréats (sur plus de 3 500 candidats dans 154 pays) lors des Rolex Awards 2012. Les projets sont de très belles initiatives comme par exemple l’élaboration d’une nouvelle forme de vaccination par nanopatch ou encore la construction d’un centre de télé-médecine dans un bidonville kenyan. Chacun(e) de ces pionnier(e)s bénéficieront de 100 000 francs suisses (83 000 euros) et de 50 000 francs suisses (42 000 euros) pour les Jeunes Lauréats.

Si nous relayons cette information, ces que trois des projets s’appuient sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour parvenir à leurs objectifs. Ce sont donc de beaux exemples de ce que l’on résume souvent par l’IT for Green, et dans le cas présent plus précisément par l’IT for Good.

Un système d’information géographique pour sauver les tigres de Sibérie
Sergei_Bereznuk-small.jpg Sergei Bereznuk, 51 ans (Russie). L’Extrême-Orient russe abrite 95% de la population survivante du plus grand tigre de la planète, le tigre de l’Amour (ou « tigre de Sibérie »), qui pèse en moyenne 200 kilos. Entre 350 et 500 représentants de cette sous-espèce (Panthera tigris altaica) peupleraient aujourd’hui la région frontalière touchant la Chine et la mer du Japon.

À la tête d’une petite ONG environnementale, le Phoenix Fund, Sergei Bereznuk déploie avec son équipe de six personnes un éventail d’activités impressionnant pour préserver le tigre de l’Amour sur un territoire de 166 000 km2. Le braconnage reste la principale menace contre la survie du tigre. Dans leur campagne contre ce massacre, Sergei Bereznuk munit les équipes antibraconnage d’un logiciel – le Management Information System (MIST) – conçu spécifiquement pour cet usage par la Wildlife Conservation Society. Grâce à ce logiciel, les équipes gèrent plus efficacement les zones protégées car elles disposent en temps utile d’informations à jour et pertinentes.

Des étiquettes électroniques évoluées pour géolocaliser des sanctuaires pour les grands prédateurs marins
Barbara_Block-small.jpg Barbara Block, 54 ans (Etats-Unis). Les grands prédateurs marins tels que requins et thons sont indispensables au maintien du fragile équilibre des écosystèmes océaniques. Or, la surpêche, la destruction des habitats et la pollution ont réduit leurs populations dans le monde entier. Pour inverser ce processus, les scientifiques préconisent notamment de créer, en haute mer, de vastes zones protégées préservant les aires de nutrition et de frai. L’une des difficultés majeures était de savoir où établir ces sanctuaires, les espèces à protéger étant de grands migrateurs, difficiles à suivre.

Professeur de biologie marine, Barbara Block, a conçu des techniques innovantes de marquage électronique qui permettent de suivre le parcours des poissons. À la fin des années 1990, elle a contribué à la mise au point de la première « marque-archive pop-up » reliée à un satellite. Ce dispositif se détache du poisson à une date préprogrammée et remonte à la surface, où il transmet par satellite les données archivées. De 2000 à 2010, Barbara Block a été codirectrice scientifique du programme Tagging of Pacific Predators (TOPP), qui faisait partie d’un projet plus vaste regroupant 80 pays. Grâce à plus de 4 000 marques électroniques, 23 espèces de grands prédateurs appartenant à six groupes (thons, requins, tortues marines, baleines, phoques et oiseaux de mer) ont été étudiées dans le Pacifique Nord. Les scientifiques du TOPP ont repéré trois « points chauds » dont les eaux riches en nutriments offrent aux prédateurs des terrains de chasse idéaux, où abondent krill, sardines, anchois, saumons et calmars. Attires par ces stocks de proies naturelles, des populations de requins blancs, requins-taupes saumons, requins-taupes bleus et quelques thons s’attardent chaque année dans ces lieux, qu’ils retrouvent après chaque migration.

Un centre de télé-médecine pour sauver 2 200 femmes et 1 500 nouveau-nés par an au Kenya
Aggrey_Otieno-small.jpg Aggrey Otieno, 34 ans (Kenya). Korogocho, quatrième bidonville de Nairobi par sa taille, abrite 200 000 personnes. Chaque année, 300 femmes souffrent d’hémorragie post-partum et 200 nouveau-nés meurent sur ce territoire, du fait de l’absence de service d’obstétrique et de moyens de gagner un hôpital. Le taux de mortalité maternelle est 54 fois plus élevé à Korogocho qu’aux Etats-Unis.

Aggrey souhaite construire un centre de télémédecine. Formées à reconnaître l’apparition de complications, les accoucheuses pourront alerter le personnel du centre par SMS. Ces praticiens qualifiés donneront immédiatement des conseils médicaux et, si nécessaire, enverront la fourgonnette chercher la femme pour la conduire à l’hôpital. Cinq praticiens se relaieront nuit et jour dans ce centre de télémédecine pour qu’il soit possible de joindre un médecin à toute heure. Aggrey Otieno compte implanter son projet dans les autres bidonvilles de Nairobi d’ici cinq ans, afin de toucher chaque année environ 2 200 femmes et 1 500 nouveau-nés ayant besoin de soins urgents.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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