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Dématérialisation : le Syntec publie son livre vert

Le Syntec Informatique a présenté son livre vert sur la dématérialisation (PDF) ce matin sur le salon de l’Entreprise Durable.

Pour le Syntec, “la dématérialisation est une étape fondamentale de toute stratégie de réduction de l’empreinte écologique”. Ce livre vert fait donc le point sur les enjeux, les bénéfices et les bonnes pratiques qui permettront aux entreprises d’intégrer la dématérialisation à leur démarche de développement durable. Les aspects sociaux sont abordés et un point complet sur le cadre réglementaire et juridique est proposé à la fin du document.

Bien que le Syntec ne limite pas le périmètre de la dématérialisation aux supports papiers, les exemples de gain pour l’environnement sont comptabilisés en nombre de feuilles A4 économisées et en équivalent CO2. Malheureusement, le Syntec oublie systématiquement de chiffrer l’empreinte de la re-matérialisation des supports papiers sous la forme d’octets, c’est à dire de supports de stockage numériques (mémoire flash, disques durs, etc.). Or, ces supports n’ont rien d’immatériels. La fabrication des PC, disques durs, éléments actifs de réseau, etc. nécessaires pour créer, stocker et accéder à ces documents “dématérialisés” nécessitent de l’énergie et des matières premières. De plus, avant de devenir des déchets électroniques (DEEE) particulièrement polluants, ces supports consommeront de l’électricité (source de CO2 et de déchets radioactifs).

Faut-il dématérialiser des bulletins de salaires et devoir les stocker 40 ans sur des supports numériques ? Sans une analyse du cycle de vie (ACV) complète et sérieuse, personne n’est capable de répondre à cette question. En revanche, c’est une certitude, la consommation de papier dans le monde augmente tous les ans malgré la généralisation de l’informatique dans les entreprises et chez les particuliers. C’est ce qu’on appelle l’effet rebond.

Dans un contexte où le greenwashing des fournisseurs de matériels, logiciels et services informatiques est omniprésent, le Syntec aurait du étayer son discours. Il ne suffit pas de citer les arguments du rapport DETIC (critiqué par ailleurs pour les mêmes raisons) pour apporter une preuve formelle.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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