Catégorie : Logiciels

AMP : Google package l’écoconception pour mobile

Pour croître, Google doit absolument adresser les besoins des utilisateurs des pays émergents. Dans ces pays, les internautes sont plutôt des mobinautes, sur smartphone et / ou tablette. Or, malgré un effort des éditeurs de contenu depuis déjà quelques années, le web actuel est encore trop souvent pensé pour un ordinateur relié à une connexion filaire haut débit de type ADSL.

Résultat, l’expérience des mobinautes n’est pas à la hauteur. « A chaque fois qu’une page web prend trop de temps à se charger, les éditeurs (…) perdent un lecteur et l’opportunité la monétisation associée : publicité ou abonnement » indique David Besbris, vice-président de l’ingénierie chargé de la recherche, sur le blog officiel de Google.

C’est pourquoi Google a présenté, début octobre, le projet Accelerated Mobile Pages (AMP) pour accélérer le chargement des pages web sur mobile.

Ce projet, n’est pas le premier du genre puisque Facebook et Apple ont déjà annoncé Instant Article pour le premier et Apple News pour le second. Mais, à la différence de ses concurrents qui se chargent de monétiser le contenu, Google propose aux éditeurs de le faire eux-mêmes. Une différence de taille qui pourrait faire la différence.

Techniquement, AMP se présente comme :

  • une liste d’éléments (HTML, CSS, Javascrip) à ne pas utiliser ;
  • un ensemble de nouveaux attributs et éléments (custom elements) ;
  • des préconisations techniques comme le fait de limiter au maximum le recours à javascript et de charger les publicités que si elles ont de grandes chances d’être vues par le mobinaute, etc. ;
  • ainsi qu’une mise à disposition du proxy et du cache de Google.

La chasse au Javascript via des composants prêts à l’emploi

Les custom elements complètent la spécification HTML5 avec des composants de haut niveau (quizz, sondages, etc.) optimisés pour l’affichage rapide sur mobile.

Comme l’explique Google, Javascript n’est pas nécessaire pour afficher un titre, du texte ou une image (…) mais indispensable pour un quizz, du contenu ‘embedded’, un sondage, etc. » Or, selon Google, les problèmes d’autonomie et de ralentissement sont principalement dus à Javascript. AMP fournit donc des composants (custom elements et web components) qui ont été conçus pour bien fonctionner ensemble et ne pas demander l’ajout de lignes de javascript supplémentaires.

Le CDN de Google pour optimiser et rapprocher le contenu des mobinautes

En complément, Google propose de servir le contenu des éditeurs via ses proxies (pour en optimiser dynamiquement le poids) et ses caches, notamment lorsque l’éditeur peine à fournir le contenu demandé par l’utilisateur dans un temps acceptable.

En procédant ainsi, Google se positionne entre les éditeurs de contenu et les mobinautes, sans pour autant prélevé directement sa dîme. Les éditeurs sont libres de monétiser leur contenu comme ils l’entendent. Evidemment, au passage, Google analyse encore plus de contenus et se rend indispensable. Rien n’indique que le géant du web ne fera pas payer ce service dans quelques années, lorsqu’il sera devenu incontournable.

Les contenus hébergés dans le cache de Google seront intégrés aux recherches Google dès 2016. On peut imaginer que l’algorithme du moteur les privilégiera. En attendant, parmi les gros éditeurs de contenu, le Wall Street Journal, le New York Times, le Guardian, Les Echos et La Stampa ont rejoint le projet. Les services en ligne sont également visés puisque le projet AMP fournit des éléments / composants natifs pour Twitter, Pinterest, et LinkedIn.

L’écoconception « out of the box »

Au final, Google propose aux éditeurs de contenu et de services en ligne une version packagée des bonnes pratiques d’écoconception que nous préconisons de mettre en place depuis plus de 5 ans. Tout l’intérêt de la démarche du géant du web est de proposer un kit de développement prêt à l’emploi, via ses composants, qui simplifie la vie des développeurs.

On peut cependant se poser la question de l’intérêt de cette solution packagée alors que la plupart des sites à fort trafic ont déjà mis en place ces bonnes pratiques.

Merci à Jérémy Chatard pour l’alerte.

Sources : GreenIT.fr

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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